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Julie en action équestre...

JULIE ULRICH UNE AMERICAINE EN NORMANDIE

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Son savoir équestre pourrait obtenir le label « patrimoine immatériel » de l’Unesco. Sa gentillesse et sa bienveillance égalent son sens d’humour. JULIE ULRICH a choisi la Normandie pour y vivre et transmettre sa connaissance de l’art équestre. Elle nous offre un beau voyage à travers sa vie et ses expériences.

J’ETAIS AMOUREUSE DES CHIENS ET DES CHEVAUX

Je ne suis pas née dans les chevaux… Mon père était chimiste, a fait plusieurs découvertes, ma mère était femme au foyer, j’ai eu une enfance agréable et protégée. J’adorais les animaux, surtout les chiens et les chevaux. Je me baladais à travers la campagne et je caressais tous les chevaux que je rencontrais. Et un jour, j‘avais alors 11 ans, je me suis fait mordre par un shetland. C’était une belle morsure et le propriétaire du shetland, un marchand de chevaux, a été catastrophé. Il m’a dit : « Jeune fille, si tu ne dis pas à ton père que c’est mon poney qui t’a mordue, je vais t’apprendre comment monter sur un poney ». J’ai dit YES, très bonne idée, et tout a commencé ainsi. Je montais le poney tous les jours, puis je me suis retrouvée à monter les chevaux et le marchand a fini par vendre les chevaux qui ont été montés et valorisés par une jeune fille – moi !

J’aimais tellement les chevaux que je voulais me perfectionner, gagner en finesse, je lisais tout ce que j’ai pu trouver sur les méthodes : américaine, française, allemande. Je vivais et pensais chevaux, je montais, je sortais en concours un peu partout, j’étais comblée. J’ai commencé l’université très tôt à 16 ans et je l’ai quitté à 17 ans pour me marier avec un marchand de chevaux. Une décision qui m’a valu bien des ennuis car mon père a été très fâché et ne m’a pas parlé pendant 5 ans ! Il m’a aussi coupé tous les vivres, j’ai dû apprendre la vie « ordinaire », c’était assez dur.

ECOLE ESPAGNOLE, LA REVELATION

Karl Mikolka, le Maître de Vienne

Karl Mikolka, le Maître de Vienne

Avec mon mari, on avait à l’époque une écurie avec 115 chevaux – les chevaux de commerce, mes chevaux de sport, les chevaux de propriétaires, les chevaux d’un petit centre équestre. Je montais alors 14 chevaux par jour, le premier à 4h du matin, le dernier à 15h, pour donner ensuite des cours aux enfants. Et les week-ends, je montais dans les GP de saut d’obstacles. On peut dire que j’avais des journées bien occupées pendant 30 ans !

Un jour, la fameuse Ecole d’équitation espagnole de Vienne (qui n’a rien à voir avec l’équitation espagnole et utilise la méthode allemande de Weyrother) dirigée alors par Alois Podhajsky, un grand écuyer et un grand dictateur, est venue en tournée aux USA avec leurs quatorze étalons lipizzans pour présenter un spectacle magnifique. Après la dernière représentation à Boston, où se trouvait notre écurie, j’ai décidé de les inviter chez nous. Ils ont accepté, ils étaient vénérés dans leur pays mais peu payés par leur gouvernement. Ils sont venus chez nous et ont été très impressionnés par notre confort matériel le grand manège, les camions etc. Mais pas par mon niveau d’équitation… Le soir de leur venue j’ai déroulé devant eux une reprise niveau St Georges avec mon meilleur cheval de Grand Prix. Après les premiers pas ils ont commencé à rigoler et quand j’ai terminé ma reprise ils étaient carrément pliés de rire. Je riais avec eux mais je ne savais pas trop pourquoi. Karl Mikolka, 3ème dans la hiérarchie à l’époque, a donc pris mon cheval et a déroulé une reprise St Georges tellement rapide que j’ai cru que c’était un barrage ! A la fin il m’a dit : « Votre cheval n’a pas le niveau mais il est bien obéissant et veut bien faire. Mais vous, Madame, vous ne connaissez rien ! » Je lui ai dit : Oui, pour cela je veux apprendre ! Il est resté 5 ans chez nous et ça a changé complètement ma vie équestre !

FORMATION D’UN CHEVAL DE CSO PASSE PAR LE DRESSAGE !

Julie en action équestre...

Julie en action équestre…

Une fois que j’ai acquis un assez bon niveau en dressage je pouvais former les chevaux de saut d’obstacles. Beaucoup de choses peuvent être améliorées par un bon dressage : mauvais geste devant, mauvais passage de dos, manque de force, manque de souplesse, tout cela peut être travaillé et amélioré. Avec les connaissances que j’ai reçues, j’ai été capable de former un cheval qui participe au GP de dressage et de saut d’obstacles également. Et qui fait cela avec envie, pas par crainte et domination. Quand je suis arrivée en Europe on était déjà conscient de ce lien si fort entre le dressage et l’obstacle. C’était ainsi en Allemagne, en Suède, aux Pays Bas, en Belgique, mais pas en France ! La France est un autre pays, où on ne doit pas utiliser le mot « dressage » et « obstacle » dans la même phrase !

WELCOME TO NORMANDIE !

Jack Le Goff et sa méthode

Jack Le Goff et sa méthode

J’avais une vie très confortable aux USA, bien installée en Virginie avec mes chevaux, mes clients et élèves et la possibilité de participer aux beaux concours, mais j’avais l’impression de stagner, de m’enfermer dans une routine. En plus, après mon divorce, je me suis sentie libre, je voulais progresser avec les maîtres en Europe et m’installer dans un pays dont j’ignorais la langue – la France ! Mon challenge était de savoir dans combien de temps j’allais retrouver le même niveau de confort qu’aux USA. J’étais confiante car je suis un bon pédagogue, je pouvais enseigner, je pouvais former des chevaux, je pensais donc que j’allais trouver ma place assez rapidement. Quelle erreur !  Tout d’abord personne ne voulait prendre de leçons. Pourquoi faire ? Et les éleveurs n’avaient pas d’argent pour me payer la formation de jeunes chevaux. En plus, personne ne comprenait mon français…

Je me suis dit ok, dans ce cas, je vais devenir marchand de chevaux. Je vais les acheter, former et revendre à mes clients et élèves aux USA. Très bonne idée, n’est-ce pas, car il y a de super chevaux en Normandie ! Je me suis donc rapprochée de Germain Levallois en lui demandant si son cheval, un très bon 4 ans, était à vendre. Il m’a répondu : « Il est là votre mari ? Non ? Et votre frère non plus ? Vous êtes seule ici et vous êtes marchand de chevaux ? Ah bon…. Alors non, le cheval n’est pas à vendre. » Simplement parce qu’il ne savait pas comment discuter le prix avec une femme ! C’était pareil pour Alexis Pignolet et Fernand Leredde, impossible de discuter. J’ai fini par communiquer avec des cavaliers, c’était beaucoup plus simple ! Ainsi j’ai pu acheter pas mal de chevaux, je les ai formés, montrés en concours et du coup on m’a confié les chevaux également. J’ai fini par me faire une place mais c’était beaucoup plus long que prévu et les premières six années ont été vraiment très dures. Mais j’y suis arrivée quand même alors que plusieurs amis, comme George Morris, pensaient que j’allais tenir trois ans et me précipiter pour rentrer !

ADIEU LA PISTE CHAMPETRE !

La piste de St Lo aujourd'hui...

La piste de St Lo aujourd’hui…

La Normandie a beaucoup changé depuis cette époque ! Quand je suis arrivée, en 94, le premier concours que je suis allée voir de côté de Bayeux, c’était un champ sur lequel un tracteur a déposé quelques obstacles, j’étais un peu choquée. Je me rappelle très bien qu’au début, quand Jean-Paul Lepetit construisait une ligne un peu plus technique, tous les cavaliers lui tombaient dessus. « Mais non, ce n’est pas possible, ouvre cette ligne Jean-Paul, c’est beaucoup trop difficile pour un jeune cheval ! » Mais Jean-Paul n’a jamais abandonné l’idée de construire les pistes qui forment les cavaliers et les Normands ont fini par être fiers de leur chef de piste. En effet, les parcours d’aujourd’hui ont la même finesse et difficulté technique en Normandie qu’ailleurs dans le monde. Jean-Paul et les autres ont ainsi contribué au changement d’équitation – dans la finesse, avec les chevaux parfaitement dressés à la maison. Car les chevaux ont évolué aussi, ils sont plus légers, plus rapides, plus sensibles et il faut les monter avec beaucoup de subtilité. Les éleveurs, comme mes amis Bernard Lecourtois ou Jean-Luc Dufour, ont fait un travail formidable dans le bon sens de l’évolution du sport, en acceptant l’apport du sang étranger. Ainsi, dans les compétitions locales en Normandie il y a des couples qui évoluent aussi bien que ceux qu’on admire en compétions internationales. Et les cavaliers de jeunes chevaux ne sont pas les mêmes qu’avant non plus. Ce n’est pas grâce à moi mais j’en profite. Car il y a beaucoup qui m’appellent et qui me demandent de les aider à travailler dans le bon sens. Avec le sport aussi technique il n’est plus possible de s’en sortir tout seul sans aide d’un bon coach. Autrefois, un cavalier avec un bon feeling et du talent pouvait tout gagner avec un seul cheval. Aujourd’hui c’est impossible, pour se maintenir au top il faut avoir au moins 5 ou 6 chevaux de top niveau. Il faut donc les former avec une bonne méthode !

LA TRANSMISSION C’EST VITAL !

Julie aime transmettre...

Julie aime transmettre…

Chaque cavalier avec du talent et une méthode de travail est capable de former plusieurs chevaux et plusieurs cavaliers qui, à leur tour, vont former d’autres cavaliers. Aux USA, dans les années 50, on a fait venir le Hongrois Bert de Némethy avec une mission d’entraîner l’équipe américaine composée de couples hétéroclites. Il a été catastrophé mais comme il avait un très fort caractère et une bonne méthode hongroise, il a formé George Morris, Katy Prudent, Chris Kappler qui, à leur tour, ont formé les autres. C’est comme une pyramide, on finit par construire un vrai système.

Dans les années 60 nous avons volé à la France Jack Le Goff, écuyer du Saumur, un représentant parfait de l’Ecole de l’équitation française, un cavalier olympique et coach de l’équipe française du concours complet, qui est venu former notre équipe nationale du CC. Jack aussi était un dictateur total, mais il a formé les cavaliers qui ont été très performants et médaillés internationaux et ces cavaliers ont formé les autres à leur tour. Aujourd’hui on refuse de subir cette tyrannie « à l’ancienne », on dit que c’est trop dur ! Mais moi j’ai eu la chance de suivre l’enseignement de plusieurs de ces « dictateurs » et je suis formée pour utiliser plusieurs méthodes : Française, Capprilli, Américaine, Weyrother. Merci mon grand âge ! Je peux ainsi décider quelle méthode utiliser en fonction du cheval et en fonction du cavalier aussi ! Après il faut rester flexible et s’adapter sans cesse au vivant !

OU SE FORMER EN FRANCE ?

Voilà la question. Il y a l’Ecole de Saumur, mais c’est très difficile d’y accéder et on y reste 3 ans, mais à part cela, rien. Quand j’avais mon écurie en Virginie, Henri Prudent me demandait souvent si je pouvais accueillir les jeunes stagiaires français. Ils venaient à la maison, montaient tous les jours plusieurs chevaux sous ma tutelle et partaient avec une méthode de travail. Quand je suis arrivée en France, c’était terminé, je n’avais plus les moyens ni les structures pour les de les accueillir. Et aussi à l’époque tout était moins cher, je pouvais prendre un élève qui faisait les boxes le matin et montait à cheval en prenant les cours l’après-midi. Je pouvais former ainsi plusieurs jeunes cavaliers   gratuitement. Mais aujourd’hui c’est impossible, l’élève doit avoir un cheval et même plusieurs chevaux pour progresser vraiment. Et il ne suffit pas de prendre une leçon d’une heure par semaine, pour progresser vraiment, il faut monter 4 heures par jour !

J’ai actuellement deux élèves formidables : Kevin Staut et Amy Graham. Ils sont vraiment avides du savoir, ils veulent connaître les moindres détails de ce que je peux transmettre. Je passe des heures et des heures avec eux pour redonner le savoir que j’ai reçu du monde équestre. De Reiner Klimke, de Jack Le Goff et des autres qui m’ont transmis leur savoir gratuitement, avec toute leur bienveillance. Je forme les disciples avant de prendre ma retraite, sinon quel sens donner à tout mon parcours et tout mon travail ?

EQUITATION EST UN SPORT INTELLECTUEL

Tout le monde pense que l’équitation est un sport physique mais non, c’est un sport intellectuel. Il faut COMPRENDRE ce qu’on demande au cheval, comprendre de quelle façon il réagit à la demande et comprendre de quelle façon on peut améliorer cette réaction. Il y a des cavaliers qui résistent, qui disent non, moi je monte à l’instinct et je ne peux pas monter les foulées et les compter en même temps. Cela demande des heures pour comprendre et pour apprendre, donc, c’est intellectuel.

Et pour cela on a besoin d’un regard extérieur, besoin d’un coach. Quand j’étais jeune je pensais moi aussi qu’il me suffit de lire les livres, pas la peine d’aller à l’université. Mais non, sans professeur je ne comprends rien, il faut toujours quelqu’un pour interpréter et c’est encore plus vrai quand il s’agit d’équitation.

LES CAVALIERS DE HAUT NIVEAU ONT LE DEVOIR DE TRANSMETTRE LEUR SAVOIR

Malheureusement, actuellement, en France, il est très difficile de trouver un coach d’un bon niveau. La fameuse Ecole française d’équitation n’est plus enseignée véritablement, les cavaliers de bon niveau ne forment pas, juste donnent des stages, ce qui n’est vraiment pas suffisant. Il faut une immersion totale avec un bon professeur pendant 1 an ! Ici la formation générale est assurée par les moniteurs qui ont été formés à leur tour par les moniteurs pas vraiment compétents. Ce n’est pas une bonne chose pour l’équitation du tout.

Aux USA c’est différent. Les élèves se forment dès leur jeune âge et apprennent à bien monter, pas aller au plus vite en faisant n’importe quoi sur leur poney. A l’époque, je donnais à mes jeunes élèves de 10, 11 ans la possibilité de monter mes chevaux de GP de dressage et d’obstacle. C’est très instructif ! On apprend par les chevaux déjà formés ce qu’on cherche à obtenir. Bien sûr, il faut tomber sur quelqu’un de généreux qui veut transmettre. Reiner Klimke, le champion olympique de dressage allemand en me voyant concentrée au bord de la piste, m’a proposée de monter Mehmed, son champion d’Europe. J’avais peur, mais il m’a rassurée en disant qu’un cheval bien formé va interpréter et comprendre ce que tu veux de lui. Il m’a dit : « Imagines toi que c’est ta grand-mère qui va monter après toi. Il faut que ton cheval comprenne ce qu’il faut faire et qu’il reste calme. Voilà le secret d’un bon dressage. » Et c’est ainsi que j’ai formé des dizaines de chevaux qui ont formé des cavaliers et des dizaines d’élèves qui à leur tour ont formé d’autres cavaliers et d’autres chevaux.  Et c’est ainsi qu’on construit l’avenir !

En France, il faudrait que les cavaliers de haut niveau prennent la responsabilité pour le futur de notre sport !!! On ne peut pas dire : Je suis en haut, je profite, je fais de beaux concours, je gagne les épreuves et je gagne l’argent et je laisse aux moniteurs le soin de former les jeunes. C’est complètement irresponsable ! A moment donné, quand on baisse le rythme des concours, il faut former les autres, redonner ce qu’on a reçu ! 

ET LES CHEVAUX ALORS ?

Quand je suis arrivée en France, j’avais l’impression qu’on perdait 50% de chevaux à cause d’une mauvaise exploitation. Aujourd’hui c’est beaucoup mieux, on se rend compte qu’on peut blesser le cheval physiquement, qu’on peut aller trop vite ou trop doucement, faire un mauvais choix de méthode, être trop ou pas assez exigeant, on peut faire beaucoup de bêtises. On a compris également que le cheval a mérité le respect – tout le monde est d’accord avec ça aujourd’hui.

Quant à haut niveau, il s’est fait dominer par le commerce. Au départ nous avions l’art équestre, ensuite sport et art et aujourd’hui nous avons commerce, sport et art. Je suis contente de travailler avec les deux cavaliers pour qui art et la manière de monter, de construire les parcours est aussi importante que l’envie de gagner. Il y a des cavaliers de haut niveau chez qui la priorité absolue c’est de gagner ! Moi j’adore gagner, je suis compétitrice mais pas au risque de perdre mes principes !

QUELLE VISION D’AVENIR ?

Je suis Américaine donc optimiste de nature ! Je pense que les choses évoluent dans le bon sens, qu’il faut continuer à expliquer, à enseigner, à donner l’exemple, à construire les bons parcours et avoir la foi en avenir ! En arrivant en France j’ai été frappée par cette manière de dire : c’est bien mais ce n’est pas possible ! J’ai toujours pensé que chacun né avec un talent qu’il faut découvrir et l’utiliser – qu’il s’agisse d’énergie, d’intelligence, d’endurance. Moi j’ai beaucoup d’énergie, une bonne capacité de concentration et je suis positive. Mon talent équestre n’est pas naturel, j’ai tout appris. J’ai fait beaucoup de lectures, j’ai suivi de bons professeurs, j’ai regardé de bons cavaliers et j’ai monté de bons chevaux. Et j’ai toujours accepté de me remettre en cause pour me perfectionner encore et encore. Chaque jour nous apporte une occasion d’apprendre quelque chose. Et c’est vraiment possible !

 

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LAURENT GOFFINET: FLIPPER M’A TOUT APPRIS

Atome des Etisses... en attente de nouvelles aventures!

Atome des Etisses… en attente de nouvelles aventures!

UNE HISTOIRE DE FAMILLE ….

Mes parents avaient un élevage à côté de Ste Cécile dans la Manche et mon père montait en concours… je côtoyais donc les chevaux depuis la naissance. J’adorais les courses de poneys dans la campagne en en plein champ, il fallait s’accrocher pour rester en selle! A 8 ans je suis arrivé ici, où nous sommes aujourd’hui, au Club de la Renarderie au Mesnil Clinchamps, et à 12 ans je suis allé me perfectionner chez Alain Hinard. Les chevaux m’occupaient tellement que j’ai arrêté l’école à 16 ans pour faire le CAP de tourneur-fraiseur. Tout simplement parce que cette école était proche de mes parents et que je pouvais monter tous les soirs.

Je dois beaucoup à mes parents qui menaient une vie modeste mais ils se sont toujours sacrifiés pour pouvoir me payer les cours à la Renarderie ou chez Alain Hinard. Ils ont refusé de vendre leurs bons chevaux et les ont gardés pour moi. Quenotte du Bois, par exemple, une top jument avec qui j’ai beaucoup gagné. C’est peut-être la chance ou le destin, mais j’ai toujours eu des chevaux compliqués mais de qualité. Hirondelle, une petite ponette, a été mon premier profeseur. Si je montais bien, je pouvais gagner même devant les chevaux, si je montais mal, elle s’arrêtait net et je volais. Quenotte du Bois étais aussi délicate et respectueuse, elle me donnait tout quand je la montais bien. Du coup, je n’affectionne pas un type de monture en particulier, j’ai appris à m’adapter à chaque cheval.

PAS DE CHEVAL « CLE EN MAIN »

le survivant

J’ai toujours formé mes chevaux pour pouvoir évoluer ensuite à un bon niveau. Il y avait bien l’exception avec Valentin Palluer  qui est arrivé avec quelques bons résultats en puissance, mais il était mal dans sa peau et rétif, et il m’a fallu une année pour construire une entente avec lui. Nous avons ensuite beaucoup gagné – y compris le GP NHS à Saint-Lô – avant qu’il ne soit vendu.

Mais jamais on m’a apporté un cheval clé en main. Comme j’avais cette réputation de monter les chevaux délicats j’en accueillait beaucoup. Et j’ai une certaine fierté car tous les chevaux qui ont gagné avec moi ont été fabriqués par moi !  

J’AI BESOIN DE TRAVAILLER EN CONFIANCE…

A partir de 16 ans j’ai commencé à prendre les premiers chevaux en pension… M. Clouard, l’un de mes premiers propriétaires de l’époque – j’étais Champion de France 2ème catégorie avec Balalaika, une jument de son élevage – est d’ailleurs toujours avec moi. Et j’ai plusieurs autres éleveurs qui sont à mes côtés depuis des années. Avec Haras de Lacke nous sommes en partenariat depuis 15 ans. Au départ, ils avaient l’idée de lancer un haras pour les chevaux de dressage et c’est une amie commune qui a fait évoluer le projet en pensant à moi. Laurence et Karine sont restées fidèles alors que je suis loin de leur haras de Deauville et que les cavaliers les sollicitent constamment pour proposer leurs services. Une telle fidélité me touche profondément.

Je suis ainsi – j’ai besoin de travailler en confiance ! Si la confiance fait défaut, je préfère rendre le cheval, même s’il est bon. La confiance c’est primordial ! On fait un métier très dur, on se remet beaucoup en question mais on n’est pas des robots, ça peut nous arriver de faire une erreur. Si un propriétaire n’accepte pas cette évidence, je ne peux pas travailler pour lui. Quand je vois arriver un cheval de 10 ans qui a déjà eu 5 cavaliers sur le dos je préfère décliner la proposition, car je ne suis pas capable de me dire : allez, tu profites du cheval au maximum tant que ça dure… Je ne sais pas fonctionner ainsi.

Il y a quelques années je me suis cassé une jambe très méchamment et je suis resté 8 mois sans monter à cheval. J’avais très peur de tout perdre, peur de voir mes écuries se vider. Mais non, personne n’est parti. Je remercie encore Guillaume Batillat qui est venu travailler mes chevaux et qui n’a même pas essayé de récupérer quelques propriétaires en partant. Un garçon vraiment honnête.

JE VOULAIS TOUT ARRETER AU MOMENT DE LA RETRAITE DE FLIPPER

Flipper d'Elle, un sportif et un reproducteur hors norme...

Flipper d’Elle, un sportif et un reproducteur hors norme…

J’ai eu vraiment envie de tout arrêter au moment où Flipper partait à la retraite. J’ai traversé alors une période de turbulences: une séparation dans ma vie personnelle, les difficultés professionnelles et l’arrêt de la carrière de Flipper. Tout cela a été trop difficile à porter, je n’avais plus envie de me battre. J’ai rebondi grâce à mon partenariat avec le Haras de Lacke.

En effet, en 2009, je ne supportais plus la pression qui m’a accompagné tout au long de ma carrière avec Flipper.

L’histoire a commencé en 1997 quand Guy Bideault, le directeur du Haras National de Saint-Lô, m’a promis 2 étalons à confier. Finalement il a changé d’avis et m’a proposé un jeune entier de 4 ans que le Haras venait d’acheter aux ventes NASH. C’était Flipper d’Elle, il était simplement débourré, on a donc gravi tous les échelons ensemble. Pour arriver aux JEM, aux Championnats d’Europe, au classement du meilleur cavalier français pendant 2 années avec un seul cheval ! Il m’a fait vivre un rêve de gosse. J’ai voyagé dans de beaux pays, j’ai fait les plus beaux concours, les plus belles Coupes des nations, les JEM d’Aix-la Chapelle où j’ai été 6ème de l’épreuve Vitesse et le meilleur cavalier français. J’ai gagné le titre de Champion et deux fois de Vice-Champion de France. Mais je ne supportais plus la pression. Pendant 11 ans de notre route commune, je me demandais chaque année si j’allais garder mon cheval !

Au départ, Flipper devait rejoindre Julien Epaillard à l’âge de 6 ans. Heureusement pour moi le directeur suivant du Haras, M. Nantais, m’a assuré que j’allais le garder tant que j’avais des résultats… Mais un jour, avant le départ pour le Championnat de France en 2002, il m’appelle et m’annonce : « Je suis désolé, je ne peux plus rien faire, ils sont allés au ministère de l’Agriculture pour te l’enlever… à moins que tu fasses une performance à ce championnat ». J’ai gagné le Criterium du Championnat, mais je n’en garde pas un bon souvenir. Chaque année il y avait des cabales pour me l’enlever, c’était usant. Même au moment où Flipper arrêtait le sport, j’ai dû me battre pour le garder chez moi, pour lui offrir une retraite tant méritée car ils voulaient le confier à un jeune cavalier ! Je trouvais que, vraiment, mon cheval ne méritait pas ça !

FLIPPER M’A TOUT APPRIS !

Laurent et Flipper, unis pour toujours...

Laurent et Flipper, unis pour toujours…

Dans ma jeunesse je montais beaucoup de chevaux sensibles et délicats. Mais Flipper c’était encore autre chose ! Il avait un caractère, une volonté hors de commun. Il m’a appris comment il fallait le monter, comment gérer un cheval et le faire monter en puissance. Une grande école… Si j’insistais alors qu’il n’était pas d’accord avec ma façon de le monter, il me sortait de la carrière et il rentrait au boxe. Il a vraiment une personnalité exceptionnelle ce petit cheval de 1,60! Aujourd’hui il a 27 ans, bon moral, fait toujours la monte, mais revient l’hiver à la maison où il a ses habitudes, son paddock. Il y a 4 ans je le montais encore en balade mais il était tellement fougueux que j’ai été obligé d’arrêter. On a de plus en plus de mal de le garder en état et ça me rappelle qu’il vieillit. Le jour où il va partir ce sera très, très dur pour moi et ça va vraiment marquer la fin d’une époque…

FAIRE CORPS AVEC LE CHEVAL

Que ce soit un cheval capable de gagner 130 ou 160, j’adore quand il arrive en piste avec envie de se battre et de gagner ! C’est une sensation extraordinaire et les victoires à 130 ont pour moi autant de valeur que les victoires à 160, je respecte tous ces chevaux autant !

Ce qui est difficile, c’est de repartir toujours de l’avant, de résister aux coups durs, aux coups de sort. Quinette du Quesnoy par exemple, on y a cru très fort, je l’ai préparé, elle a commencé à bien se démarquer : 2ème dans le GP de Dinard, 2ème de la Coupe des Nations de Sopot, 2ème du GP 2* à Paris, 3ème du GP 4* de Rouen et puis, alors qu’elle a été parfaitement préparée et en condition, un coup de tendinite et tout s’arrête, c’était difficile à admettre et à vivre. Mais c’est comme ça, on travaille avec du vivant et parfois ça ne passe pas alors que tout semble parfaitement géré et parfois c’est le contraire, on tape toutes les barres et rien ne tombe….

JE CROIS QUE JE SUIS TROP ATTACHE A MES CHEVAUX ET LEUR DEPART ME FAIT SOUFFRIR…

Quantar des Etisses était un entier délicat, très doué, mais je ne savais jamais comment il allait se comporter… Je me rappelle, à Bethune, dans la qualificative pour le GP il a fait 3 ou 4 barres en pensant à autre chose et après il a gagné le petit GP ! Il a aussi super sauté à Paris, il a signé 2 victoires dans le concours 2* et il s’est classé 2ème derrière Steve Guerdat dans le 5*. On a eu une bonne offre et on l’a laissé partir aux USA. Là-bas ils l’ont castré et il gagne avec sa gentille cavalière – on suit leurs exploits avec plaisir!

J’aime bien que derrière chaque vente il y ait une belle rencontre, une belle histoire entre le cheval et son futur cavalier. Hélas, c’est devenu tellement difficile dans le monde d’aujourd’hui…

Le commerce est indispensable, il faut admettre que ça fait vivre tout le monde, mais je crois que je suis trop attaché à mes chevaux et leur départ me fait souffrir…

MON OBJECTIF N’EST PAS DE GAGNER LES CHAMPIONNATS DES 6 ANS MAIS PREPARER L’AVENIR !

Elwood Blues, un entier de 6 ans, très prometteur...

Elwood Blues, un entier de 6 ans, très prometteur…

J’adore préparer les chevaux pour leur donner la chance d’aller au plus haut niveau. Cette année j’ai quatre 6 ans qui ont un gros potentiel. J’ai déjà prévenu les propriétaires que je ne veux pas être champion des 6 ans à tout prix ! Ils vont faire les 6 ans, bien sûr (si la situation générale le permet), mais je ne vais pas leur demander de tout donner pour cet objectif. Comme avec Atome des Etisses (Mylord Carthago X Quidam de Revel) que j’ai récupéré à 5 ans. On me disait à l’époque : mais il est lent, il n’a pas de technique, pas de sang etc… mais il ne faut pas écouter les gens, il faut écouter son ressenti. La première fois que je suis monté sur Atome il n’y avait qu’une seule chose qui me faisait peur – il n’aimait pas la piste. Il était puissant et doué mais il s’excusait presque d’être là pendant le concours. A 6-7 ans je l’ai donc amené à Vilamoura au Portugal pendant un mois pour l’endurcir, je le prenais pour les remises des prix pour qu’il s’habitue au bruit, à la musique et puis, tout d’un coup, il a passé le cap.

Là je vais partir à Vejer de la Frontera en Espagne pour 3 semaines et du coup mes jeunes chevaux vont débuter plus tard. Si on est qualifié pour Fontainebleau, tant mieux, on va y aller pour leur donner l’expérience, mais mon but n’est pas être un champion des jeunes chevaux. J’ai actuellement quatre 6 ans, dont 2 étalons qui sont très bien. Express de Hus (Conrad X Quick Star) a été monté par son propriétaire l’année de 4 et 5 ans et il m’a proposé car le cheval a un vrai potentiel. Il m’a dit : « Je sais que tu ne veux pas être champion des 6 ans à tout prix et que tu vas bien préparer le cheval ». S’il est champion, tant mieux, mais mon but est de le préparer à sauter les plus beaux parcours. Il sera vendu car c’est cheval d’une très grosse qualité et il n’est pas sûr que je puisse le garder. Mais s’il fait de belles épreuves avec un bon cavalier, je serai content !

Le 2ème étalon, Elwood Blues (Ogrion des Champs) est aussi un phénomène. Après le premier saut j’ai eu une si bonne sensation que j’ai appelé le propriétaire en lui proposant une bonne offre d’achat. Et il m’a répondu : « Garde ton argent, c’est de toute façon toi qui vas le monter ». Il a fait les 4 et 5 ans et en 2 saisons il a fait une seule faute, il termine 7ème de la finale des 5 ans. Il est très doué, on verra où il pourra nous amener…

AVEC L’EXPERIENCE J’AI APPRIS LA PATIENCE

Je passe beaucoup de temps à travailler mes chevaux et avec l’expérience j’ai appris la patience. J’aime bien les travailler bas, rond, avec du rebond. J’attache aussi une grande importance à la préparation physique – mes chevaux vont au moins 30 minutes au marcheur avant le travail – et j’ai l’habitude de longues sorties à l’extérieur bien toniques.

Etant jeune j’étais fougueux et ambitieux et il m’arrivait d’être assez strict sur la piste. Comme ça me rendait malheureux, j’ai fini par apprendre la patience. Il faut être vraiment être à l’écoute de chaque cheval et ça finira par payer. Heureusement, sinon j’aurais baissé les bras depuis longtemps. Quand les gens te disent : « Franchement, si jamais tu gagnes avec celui-là… » et quand on y arrive, alors là, on a une certaine fierté.

Valkyrie Condéenne est aussi un bon exemple de cette démarche. A 4-5 ans elle a vraiment été très compliquée. Tellement que je voulais arrêter avec elle mais M. Herman, l’un de mes fidèles propriétaires, m’a demandé de continuer car il ne savait pas quoi faire d’une telle jument. Je me suis retroussé les manches, j’ai travaillé patiemment, et maintenant on a nos codes : on ne va pas seuls à l’extérieur, il faut toujours que ma groom l’accompagne vers la piste etc. Elle est généreuse et elle aime gagner, mais il faut savoir être ferme quand il le faut et aussi savoir beaucoup récompenser.

On dit que les juments sont très sensibles mais les étalons aussi. Atome et mes deux jeunes entiers sont comme ça. Mais cette sensibilité que j’ai avec mes chevaux, c’est grâce à Flipper, parce que je n’avais pas le choix. Il m’a bien fait comprendre que la méthode que j’utilisais avant lui il fallait l’oublier direct !

UNE GRANDE FIERTE DE FAIRE PARTIE DE LA LISTE JO

C’est une grande fierté, une vraie récompense pour mon équipe et pour les propriétaires de se retrouver sur la liste de 15 couples envisagés pour les JO !

Je tiens à dire que c’est grâce à Thierry Pommel et à Sophie Dubourg que je peux espérer  faire partie de l’équipe nationale, même avec un seul cheval. Bien sûr, il faut avoir les résultats, mais si on les a, on peut faire partie de l’équipe. C’est comme à l’époque de Jean-Maurice Bonneau qui m’a donné ma chance avec Flipper. Pourtant je n’avais pas d’expérience à ce niveau, mon cheval était génial mais très spécial et tout le monde disait qu’il n’aura pas assez de force pour sauter de grosses épreuves. Il fallait donc y croire et il a cru en nous et n’a écouté personne. Après notre victoire dans le Criterium de Championnat de France, il nous a envoyé faire la Coupe de nations à Dublin. J’ai gagné la grosse épreuve et, on a gagné la Coupe! Je ne le remercierai jamais assez de sa confiance et je continue toujours de travailler avec lui.

J’espère qu’avec Atome on pourra suivre l’itinéraire de Flipper. Ce serait le rêve.

 

ARPEGE

OLIVIER MARTIN BIEN INSTALLE…

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Depuis le mois de Septembre, après une dizaine d’année de collaboration avec le Haras de Semilly, Olivier Martin s’est installé à son compte aux Ecuries de Beauclerc à côté de Saint- Lô. L’endroit est magnifique, calme, serein et confortable, tout en étant facile d’accès par l’axe routier Saint-Lô-Periers, à Feugères plus précisément. Nous l’avons rencontré « chez lui » et aussi au Jumping AEC à Saint-Lô où le cavalier a été très heureux de la première victoire d’Ever or Never, une jument aussi généreuse que délicate, rencontrée… il y a trois mois.

PLUS LE TEMPS PASSE, PLUS JE SUIS CONTENT DE FONCTIONNEMENT DE MA STRUCTURE….

MANEGE

J’ai pris la décision de quitter le Haras de Semilly après une longue réflexion. Je me suis demandé  comment j’allais faire face à de nouvelles responsabilités, à la gestion de l’écurie dans son aspect financier et commercial, à l’association avec un nouveau partenaire que je découvrais « sur le tas ». J’avais des appréhensions, ce qui est normal après des années de vie de collaboration. Et puis, finalement, plus le temps passe plus je suis content du fonctionnement de ma structure.

CARRIERE

LA TRANSPARENCE ET L’HONNETETE DOIVENT ETRE LA BASE…

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Il est important de poser les règles claires à la base. Le haras appartient à Karim SOUAID et nous avons créé un partenariat entre Ecurie de Beauclerc et Ecurie Olivier Martin pour la gestion de l’ensemble – ses chevaux, mes chevaux de propriétaires et surtout toute la structure, y compris les investissements.

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Karim me fait vraiment confiance et je dois être à la hauteur. On a 27 boxes, j’accueille les chevaux des propriétaires et les chevaux à valoriser qui sont à vendre. On propose aux propriétaires un contrat très clair, précis – il s’agit de bien déterminer les responsabilités et éviter les litiges.

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La transparence c’est primordial, surtout quand il s’agit de commerce des chevaux, où on cultive en général l’art de l’opacité. Nous avons mis au point, avec l’aide de ma femme Eugenie, une formule  « objectif commercialisation » complètement innovante qui a l’air de plaire…

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Je prends le cheval à l’essai pendant 1 mois pour me rendre compte de ses capacités et de son potentiel commercial. Ensuite, si j’accepte le cheval, le propriétaire fixe le prix qu’il voudrait obtenir dans la fourchette que nous avons déterminé ensemble. Ensuite, si je vends le cheval plus que prévu, on se partage la différence 50/50 et si jamais on atteint le double du prix indiqué, le propriétaire garde 70%. C’est une formule avantageuse pour le propriétaire et je suis absolument honnête concernant les prix de ventes réalisés. Dans le commerce, je mets à profit des contacts noués au cours de mon travail à l’étranger (j’ai passé des années en Belgique et en Allemagne) et ma connaissance de la langue anglaise…

UNE BONNE ORGANISATION, ENCORE ET TOUJOURS…

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C’est bien plus simple d’être bien organisé quand on a de très belles installations comme celles dont je dispose aujourd’hui. Les grands boxes, une belle carrière, un beau manège, une piste de galop, les paddocks – tout cela entouré par une trentaine d’hectares de pâturage. Comme l’ambiance y est calme et sereine, les chevaux aussi sont très détendus, ça m’a même un peu surpris au début.

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J’ai la chance d’avoir ma femme qui veille à la comptabilité et une équipe efficace et dévouée derrière moi. Charlotte Lemaréchal garde sous contrôle les écuries et les chevaux, me suivant en concours en tant que groom et Cornelia Kasin qui m’aide pour le travail sur le plat. Les chevaux profitent également d’un bon suivi vétérinaire – je suis moi-même assez calé dans les soins car mon père a été un vétérinaire équin réputé en Bretagne – et j’ai la chance de profiter d’une immense expérience d’un vétérinaire unique, original, compétent et passionné qui trouve souvent les solutions parallèles. On évite les méthodes invasives et on prend notre temps. Et ça marche !

LES CHEVAUX DEJA AVEC DE TRES BONS RSULTATS…

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Au Haras de Semilly je formais des chevaux sur une longue durée, je les connaissais donc très bien. Ici j’ai trouvé les chevaux de mon propriétaire et j’ai accueilli de nouveaux chevaux de propriétaires qui ont décidé de me faire confiance. Voici qu’avec un travail de 3 mois j’obtiens des classements en 135 et 140 avec Ever or never (propriété de Karim Souaid) qui vient de gagner une épreuve 135 au Jumping AEC à Saint-Lô, avec  Arpege du Salbey (propriété de haras du Salbey) qui a déroulé son premier GP 145 au Jumping AEC sans forcer et en confiance, ou encore Zina (propriété d’Olivier Meyer) classée 145. Les autres aussi se comportent très bien et obtiennent leurs premiers classements, ce qui est aussi important pour faire le commerce. C’est très gratifiant et encourageant de voir qu’un travail au quotidien effectué dans le bon sens peut apporter les résultats assez rapidement.

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CE QUI MANQUE…

Franchement, pas grand-chose. J’ai encore quelques boxes disponibles à l’écurie, et donc la possibilité de faire de nouvelles rencontres équestres et humaines. Les formules que nous proposons fonctionnent très bien, je suis bien entouré… Je n’ai pas encore les chevaux capables de faire les 3* mais il ne faut pas être pressé, tout viendra en son temps…

 

 

PORTRAIT

CHRISTOPHE GRANGIER : ON PEUT ETRE SERIEUX SANS SE PRENDRE AU SERIEUX…

Dans la vie il y a la vue qui compte...

Dans la vie il y a la vue qui compte…

Christophe Grangier, l’un des cavaliers les plus performants et les plus sympathiques sur les pistes de Normandie, a été l’un des héros de la Grande Semaine de Fontainebleau avec la victoire de Farzack des abbayes et la 2ème place de Dubaï de soie (tous 2 étalons) dans la finale de 6 ans. Il a pris il y a quelques mois un nouveau départ grâce à ses nouvelles installations à Saint-André d’Hébertot dans le Calvados, où la famille cultive le bonheur au quotidien. C’était un moment idéal pour le rencontrer…

LA GRANDE FINALE POUR LA 25ème FOIS

Einstein, un bel entier de 5 ans, élevage familial

Einstein, un bel entier de 5 ans, élevage familial

C’était ma 25ème Finale des Jeunes Chevaux à Fontainebleau… J’ai commencé très jeune car je suis né dans le milieu. Mon père travaillait comme cavalier pour Jacques Bonnet et il s’est installé à son compte dans la Seine et Marne quand j’avais 3-4 ans. A l’époque, cette région était une région de cheval, comparable à la Normandie d’aujourd’hui. Mon père gérait une grande écurie d’une centaine de chevaux. Il y avait un club, des propriétaires, du commerce… il faisait aussi beaucoup de coaching. Mon père, qui a monté à un très bon niveau, a dû s’arrêter de sauter après un accident à l’âge de 30 ans, mais il a continué à monter et à se perfectionner sur le plat.

Cette année, la finale de Fontainebleau était un peu spéciale – j’avais 7 chevaux, j’étais seul car le groom a eu un empêchement et on a logé mes chevaux à une quinzaine de minutes du site. C’était chaud, j’ai vécu des moments un peu compliqués mais les chevaux ont signé quand même de belles performances et c’est essentiel….

TRAVAIL SUR LE PLAT C’EST NOTRE PHILOSOPHIE DE BASE

Le travail sur le plat encadré par Papa, indispensable....

Le travail sur le plat encadré par Papa, indispensable….

On aime prendre notre temps avec chaque cheval. Ne pas lui mettre la pression, le préparer physiquement et mentalement en respectant son rythme et sauter uniquement quand c’est nécessaire en fonction du cheval. On ne met pas d’enrênement, sauf à la longe pour muscler le dos. L’enrênement est un cache misère et très peu de gens savent s’en servir correctement. Je sais que c’est un peu la tendance d’aujourd’hui, car les chevaux paraissent plus ronds, plus dressés, mais c’est une illusion, un camouflage car une fois l’artifice enlevé, le cheval se met l’encolure à l’envers. Les Allemands qui ont une monte plus physique peuvent s’en servir avec plus de réussite, mais un cavalier comme moi, qui pèse 55 kg, n’a pas le choix – on doit se mettre avec le cheval sans passer par la force.

LE DRESSAGE CE N’EST PAS LE DOMPTAGE

Himalaya, fils de Lauterbach, élevage familial...

Himalaya, fils de Lauterbach, élevage familial…

Avec tous les artifices on a l’air d’être beau et en place… mais cela nous empêche de sentir les choses, les défauts, les faiblesses et aussi les points forts d’un cheval. En tout cas, c’est mon avis. J’aime bien avoir les sensations. La souplesse et l’équilibre ne se voient pas forcément de l’extérieur mais c’est au cavalier d’apporter tout l’entraînement, tous les exercices nécessaires pour que le cheval puisse dérouler un parcours. Il le fera correctement parce qu’il peut le faire, non parce qu’il est obligé et contraint. J’admire les cavaliers américains dont les chevaux paraissent moins en attitude « dressés » mais qui sont parfaitement à l’écoute.

Mon système c’est le cheval avant tout. Je n’aime pas trop le mot « système » d’ailleurs, mais le mien consiste à s’adapter à chaque cheval et de la faire tranquillement, en fonction de ses besoins. Et je ne fais pas de concessions avec ce principe. Si j’estime que le cheval a besoin de repos, qu’on doit le redescendre, ou si, au contraire, il devrait être travaillé plus, je le fais même si, parfois, cette attitude intransigeante m’a porté préjudice. Cette année, à la Finale, j’avais une jument qui ne pouvait pas être performante mais qui pouvait prendre de l’expérience, de la maturité. Cette finale l’a faite grandir. Mais, à l’inverse, si je sens que le cheval n’est pas prêt du tout, qu’il peut se faire peur ou mal, alors je ne le présenterai pas et je ne céderai pas à une pression dans ce sens, même si elle est importante. Je ne sais pas monter contre un cheval car j’ai assez d’expérience pour savoir que si le cheval ne fait pas un concours ce n’est rien, il en fera d’autres, mais s’il fait un mauvais concours, ça peut être la fin. Alors, il faut savoir dire non quand on s’estime et quand on estime son cheval et son métier. Heureusement la plupart des propriétaires me font confiance…

LA PASSION AU QUOTIDIEN

La plus jeune génération...

La plus jeune génération…

Je suis toujours aussi passionné, j’adore notre sport, je peux rester des heures à regarder un beau concours. J’adore la compétition mais il est de plus en plus difficile de pouvoir trouver et garder un bon cheval. Pour s’en sortir il faut acheter plusieurs 2 et 3 ans et, à force, dans le lot on va en trouver un ou deux de qualité. En même temps les frais de valorisation et de concours n’arrêtent pas de monter, les propriétaires doivent donc les vendre assez rapidement, on peut difficilement les attendre, leur donner la chance de se former et d’évoluer à plus long terme. Je me fais plaisir en montant de très bons jeunes chevaux, j’ai du plaisir à les former. J’espère qu’un jour j’arriverai à garder 1 ou 2 bons chevaux pour faire un peu de compétition….

L’INDEPENDANCE A UN PRIX MAIS CA N’A PAS DE PRIX

Quand on aime les animaux...

Quand on aime les animaux…

J’aime bien mon indépendance, j’aime bien être tranquille. Je fais des GP 135-145 en attendant de pouvoir ressauter de plus grosses épreuves, je forme des jeunes chevaux, je fais du commerce. Nous sommes très heureux de pouvoir enfin nous installer dans cette ancienne ferme. Les chevaux y sont très bien, ils peuvent marcher sur les pentes sans avoir l’impression de travailler.

Je cherche toujours de bons chevaux, des investisseurs, de l’aide aussi. Je ne désespère pas de trouver un jour 2-3 bons chevaux pour faire de belles saisons de concours et me faire plaisir. C’est un objectif plutôt raisonnable, je trouve…

Cette année j’avais 5 chevaux de 6 ans et ils ont tous été vendus – un est parti chez Guerda, un en Arabie. Si on cible bien le client et si on joue le jeu en respectant le désir de propriétaire, on les vend plutôt bien. J’aimerais beaucoup trouver des investisseurs pour faire un bout de chemin, mais je ne suis pas trop doué pour cette facette commerciale du métier. Or, elle est de plus en plus importante aujourd’hui. Il faut savoir faire rêver les gens… Avant, les bons cavaliers trouvaient de bons chevaux, maintenant les jeunes fortunés deviennent bons à force d’avoir de top chevaux et la possibilité de courir les plus beaux concours diminue.  J’ai peu chance de me retrouver dans ce « top 50 » et je le vis très bien. Ces concours très étoilés attirent les propriétaires des chevaux et on les comprend mais ça ne doit pas prendre toute la place. Le Global c’est bien, mais les coupes des nations et les championnats qui nous font tous vibrer doivent conserver leur importance. Ce sont les médailles qui restent dans l’histoire ! Sur le Global, les gens tournent en vase clos et sont en train de désintéresser les passionnés. Pas étonnant, ce sont toujours les mêmes cavaliers, les mêmes obstacles, les mêmes concours, il n’y a que la ville ou le continent qui changent. Les gens autour de la piste ne s’y intéressent pas non plus, ils passent juste un bon moment entre eux. C’est bien que ça existe je serais ravi d’y aller si j’avais l’occasion, mais il ne faut pas que ça prenne toute la place.

IL FAUT LA VICTOIRE ET LA MANIERE

Ambiance familiale à la maison et aux écuries...

Ambiance familiale à la maison et aux écuries…

Ce qui compte c’est un équilibre entre la progression du cheval, son respect, la gagne et l’espoir d’être moins mauvais que la veille. J’espère continuer à participer à la Grande Semaine pendant longtemps et continuer à m’améliorer.

Mon premier cheval de cœur c’était Piter, un AA que j’ai monté de 12 à 17 ans. C’était mon premier cheval, il se trouvait dans nos écuries et on l’a racheté un petit prix car son propriétaire a arrêté de le monter. Nous sommes passés ensemble de 110 à 150, en passant par le titre du Vice-Champion d’Europe Juniors. C’était un guerrier incroyable et Il est mort d’une colique. C’était vraiment le cheval de ma vie.  Il y avait aussi Fleur de Carême, une petite jument censée rien faire. Mais elle est arrivée 5ème des 6 ans, classée au Championnat du Monde à Lanaken, gagnante de plusieurs G Prix 150 et vendue à l’ancienne femme de Jan Tops au Canada.

Je n’ai pas gardé de souvenirs marquants d’une victoire particulière, mais plutôt des sensations. Parfois, sur une belle piste, on a l’impression que rien ne peut nous arriver…   Il faut la victoire et la manière. Tous les chevaux ne peuvent pas nous l’apporter. Comme un acteur, on a besoin d’un bon acteur en face pour sublimer la scène, lui donner un parfum inoubliable. Contrairement à ce qu’on dit, ce sont les bons chevaux qui nous font progresser, pas les mauvais. Or, il est difficile de les juger quand ils sont jeunes – j’ai mes petites astuces, je les fais sauter en liberté sans la barre de réglage pour voir leur intelligence. Mais la vraie vérité c’est le terrain… Il y a des chevaux avec des défauts mais qui sont des bêtes de concours. Et il y en a qui sont les champions à la maison, mais en piste il n’y a plus personne – ils sont trop stressés et anesthésiés par l’environnement. Il y en a qui aident le cavalier pour être sans faute et d’autres qui, dès qu’il y a un piège, tombent dedans.  Le mental, l’intelligence, ça ne s’apprend pas. Les chevaux de concours, on les juge en concours.

VOUS AVEZ DU GENIE…

Quand on n'a pas trop d'argent il faut avoir les idées...

Quand on n’a pas trop d’argent il faut avoir les idées…

Les gens pensent souvent que je ne travaille pas beaucoup, mais à tort. Je travaille souvent sous le regard de mon père. Par exemple, à Fontainebleau, le dimanche, j’avais un petit doute avec un cheval. Il m’a regardé, m’a conseillé et je suis arrivé 2ème à la Finale des 6 ans.

Bien sûr je ne vais pas écouter tout le monde mais dans ma jeunesse j’ai été bien guidé par Gilles de Bertrand de Balanda et j’ai eu droit au regard bienveillant de Bosty et d’Edouard Couperie qui étaient mes voisins. Je ne crois pas au miracle – tiens on fait un stage, on change de mors et on va être sans faute. Ce serait trop beau et trop facile. Je crois que ce sont les détails qui font toute la différence et il faut les travailler sans relâche. Pour moi le travail sur le plat est le plus dur à faire tout seul, j’ai donc besoin du regard extérieur.

Je sais monter les chevaux au pied levé, ça ne me dérange pas, mais ce n’est pas ce que je préfère. Le 6 ans qui a terminé 2ème est arrivé dans mes écuries deux semaines avant la finale. Je sais m’adapter très vite au cheval, mais cela m’a porté préjudice dans la vie. Je préfère de loin avoir les chevaux à ma main, à mes boutons. Plus le cheval est dressé, moins il fatigue. Musclé, souple, disponible, à l’écoute mais pas fermé, c’est là qu’il est performant. L’obéissance sans décontraction a peu d’intérêt. C’est ainsi que l’on obtient de la légèreté et c’est important également pour la vente, car aujourd’hui la plupart des cavaliers sont des cavalières et il leur faut des chevaux légers, fins et agréables à monter.

ON PEUT ETRE SERIEUX SANS SE PRENDRE AU SERIEUX

Je suis assez complexe. D’un côté un peu rêveur, un peu artiste, j’oublie facilement mon portefeuille ou mon portable, je me trompe d’hôtel ou mon cheval perd son filet à la remise des prix, mais de l’autre j’ai une rigidité un peu obsessionnelle en ce qui concerne le travail des chevaux, la préparation, les séances qu’ils doivent faire. D’accord, ça ne se voit pas trop. Par exemple à la détente je suis cool, je ne les embête pas trop, ce n’est plus le moment car le travail a bien été fait avant, sinon ça ne pourrait pas marcher.

On peut être sérieux sans se prendre au sérieux et je déteste les gens qui se prennent au sérieux. Car, franchement, on saute des barres, on ne sauve pas des vies ! J’aime bien aussi que le cheval nous ouvre vers d’autres personnes, d’autres horizons. Et avoir de l’humour, de l’autodérision c’est salutaire au quotidien !

 

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OLIVIER MARTIN: J’AI TOUJOURS AIME MONTER LES ENTIERS

OLIVIER ET ANDIAMO SEMILLY A FONTAINEBLEAU

OLIVIER ET ANDIAMO SEMILLY A FONTAINEBLEAU

AVEC LE HARAS DE SEMILLY ON EST EN CONFIANCE

C’est Eric Levallois qui m’a appris à bien monter à cheval et j’ai passé 4 ans dans ces installations où nous sommes à Saint-Lô chez Germain Levallois, le patriarche, en tant que salarié. Ensuite je suis allé faire un tour en Europe, en Allemagne et en Belgique, à l’élevage St Hermelle notamment pour revenir de nouveau ici à la demande de Richard Levallois. L’expérience allemande et la possibilité de participer à leurs concours a été très bénéfique. J’ai travaillé d’abord à l’écurie de René Tebbel et de Marc Bettinger par la suite.  Le premier m’a appris l’importance de la bonne organisation et le deuxième m’a apporté une bonne vision du travail avec les chevaux, nettement moins en contrainte que chez René Tebbel.

ANDIAMO AU MASTERS DES ETALONS A SAINT LO

ANDIAMO SEMILLY AU MASTERS DES ETALONS A SAINT LO

Avec Anne-Sophie et Richard Levallois nous travaillons en confiance et avec le respect mutuel – on essaie toujours de trouver un accord même dans les cas d’opinions divergentes. Ils me donnent carte blanche pour l’évolution sportive des chevaux qui me sont confiés et moi je m’en occupe comme s’ils étaient à moi. C’est une grande responsabilité et du coup c’est rare que je puisse prendre un jour de congés…

LES ENTIERS SONT MA PREFERANCE A MOI

J’ai toujours aimé monter les entiers. Ils sont plus difficiles au début, mais quand ils prennent de la maturité et quand vous les avez avec vous, ils vous font confiance, ils donnent plus et progressent plus. Actuellement dans le haut niveau on mise beaucoup sur les entiers, c’est un grand business. On les regarde beaucoup, ils marquent les esprits. Je constate déjà à mon niveau qu’ils attirent les regards pendant les concours, qu’on me dit tient, j’ai une jument, il pourrait peut-être lui convenir…

ARTISTE DE L'ABBAYE ET OLIVIER A DEAUVILLE

ARTISTE DE L’ABBAYE ET OLIVIER A DEAUVILLE

Dans le travail au quotidien ils sont plus délicats, il y a souvent des moments de doute, de remise en cause, de retour en arrière. Je reviens alors aux choses simples, au travail de base et en général je rattrape rapidement le retard et on progresse. En été, j’utilise beaucoup le grand champ qu’on a derrière les écuries pour travailler dans le mouvement, en avant, simplement, en ligne, pour donner de la liberté et éclaircir les idées.

LA CONFRONTATION NE MENE NULLE PART

Avec les entiers il faut bien avoir un cadre, on ne peut pas les laisser faire. Mais ensuite il faut récompenser deux fois plus et donner de la liberté. C’est comme ça qu’ils avancent et prennent confiance. Si on reste uniquement sur l’interdit, ils se fâchent. En concours, même si ça ne se voit pas, je leur donne de petites indications pour les récompenser. Une petite caresse, un petit mot d’encouragement et ils sont contents et se donnent encore plus. Avec Andiamo Semilly, Artiste de l’Abbaye et Away Semilly, ces étalons qui commencent à être connus, j’ai développé une vraie complicité maintenant. C’est génial mais c’est un travail au quotidien, à long terme et avec une remise en cause permanente. Surtout avec ceux qui ont beaucoup de personnalité. Et la personnalité va souvent de pair avec la qualité. Comme je les connais par cœur, j’essaie de privilégier les côtés forts plutôt que de s’acharner à améliorer leurs faiblesses. C’est le travail du cavalier de s’adapter à eux. Par exemple Away Semilly qui est arrivé cette année à la finale des 7 ans m’a donné une énorme satisfaction personnelle car personne n’a cru à cette possibilité.

AWAY SEMILLY LA REVELATION DE L'ANNEE

AWAY SEMILLY LA REVELATION DE L’ANNEE

 OBJECTIF SPORT

L’objectif est de les valoriser sportivement le plus possible. On vise 140 et plus et s’ils sont prêts pour aller plus haut on va les confier à quelqu’un.  Le sport est une vitrine et il est difficile de faire travailler un étalon s’il n’a pas de résultats sportifs. Et pour les avoir, il ne faut surtout pas rater le début. A 3 ans s’ils ont de la qualité ils sont également bouillonnants et on peut passer facilement à côté d’un crac. Ce n’est pas si simple d’accompagner l’évolution de jeunes chevaux, sinon tout le monde pourrait prétendre à devenir le formateur…

JE SUIS UN BRETON BIEN TENACE

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Je suis d’origine bretonne et assez têtu. J’aime bien avoir des objectifs et essayer de les réaliser en ce qui concerne le travail avec les chevaux et ma vie personnelle. Mon père était vétérinaire, il avait quelques chevaux à la maison pour son plaisir. J’ai monté à cheval quand j’avais 11 ans et j’ai vite décidé de devenir un cavalier professionnel. J’aime bien aussi coacher, j’aime bien former les gens. Pour la technique, je travaille avec Bruno Rocuet dont j’apprécie la rigueur. LE PORTRAIT AVEC ARTISTE DE L’ABBAYE A LA MAISON…

VERS DE BEAUX GRAND PRIX

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DIAMANT DE SEMILLY LA STAR…

Mon objectif à long terme est de faire de bon sport et de beaux Grand Prix. Avoir de jeunes chevaux mais aussi confirmés pour participer aux beaux concours. Heureusement notre région nous offre beaucoup de possibilités de faire de belles épreuves à tous les niveaux. J’aime aussi l’idée de la progression et du renouvellement – former les chevaux, les monter dans les Grand Prix, les vendre. La vie de cavalier professionnel est une éternelle évolution et j’aime bien ça…

Olivier Martin tient à remercier ses partenaires : GBS et SELLERIE DE MARIGNY 

 

CIENTO LE CHEVAL DE TETE

FRANCOIS XAVIER BOUDANT : QUAND ON PROGRESSE C’EST TOUJOURS MOTIVANT

 

FX ET CIENTO AU CSI 3* A SAINT LO

FX ET CIENTO AU CSI 3* A SAINT LO

JUMP ALLIANCE

Cela fait 10 ans que je travaille au Haras du Barquet. D’abord j’étais locataire chez Benjamin Ghelfi et ensuite, avec Benjamin et Rudy Cock, nous avons mis en place le projet d’agrandir les installations et créer Jump Alliance – et cela fonctionne depuis 3 ans. Nous profitons de belles installations confortables, d’un club house qui permet de passer un moment agréable au chaud l’hiver. Le confort du cheval et de l’humain qui s’en occupe, c’est important.

LA QUESTION DE FAIRE AUTRE CHOSE NE S’EST JAMAIS POSEE

FX DEAUVILLE

Mes parents ont été agriculteurs dans la Manche, mon père était un passionné des chevaux, il élevait et sortait aussi en concours. C’est lui qui a débuté Flambeau C ! Il a dû arrêter sa carrière de cavalier en reprenant l’exploitation familiale. Et moi je suis tombé dedans quand j’étais petit….

FX DEUVILLE OK

J’ai eu la chance de profiter de l’enseignement et de conseils de bons cavaliers de l’époque. J’ai appris à monter avec Jacky Angot, le père des frères Angot et je me suis perfectionné auprès du père de Julien Epaillard. Par la suite, avec de bons chevaux de l’élevage familial, j’ai pu profiter de l’enseignement d’Eric Navet, d’Hervé Godignon et j’ai eu la chance de travailler avec Gilles Bertrand de Balanda.

ON A LE PRIVILEGE DE FAIRE CE QU’ON AIME

FX ET CHACCO ROUGE

UKRAINE DE MOYON

Des moments durs on en a eu mais je n’ai jamais pensé à arrêter. Quand je suis arrivé ici, par exemple, après le passage chez Michel Hécart, je me suis retrouvé avec 2 chevaux et il a fallu tout reconstruire. Mais c’est comme ça, les coups durs nous font prendre de l’expérience. C’est un privilège de faire ce qu’on aime, même si c’est du non-stop 7 jours sur 7 et 24h sur 24. Quand on a de bons chevaux, on reste motivés sans problème.

AVEC STELLA LYGHT

AVEC STELLA LYGHT A SAINT LO

Aujourd’hui mon objectif c’est de faire du haut niveau mais il faut garder toujours un pied dans les jeunes chevaux pour former la relève. Quand on n’a pas un sponsor pour vous acheter des chevaux il faut bien les fabriquer. J’aime bien tous les aspects de la vie avec un cheval : l’élevage, la formation des jeunes, la compétition étoilée. Le haut niveau apporte toutefois des complications… Au niveau de 2* ou 3* on peut emmener pas mal de chevaux donc c’est gérable, mais au niveau de 5* et seulement deux chevaux autorisés, l’organisation devient difficile.

C’EST IMPORTANT DE PRENDRE SON TEMPS, SURTOUT AVEC LES JEUNES CHEVAUX

AMANT DU CHATEAU TOP 7 A DEAUVILLE

AMANT DU CHATEAU TOP 7 A DEAUVILLE

Ma méthode de travail avec les jeunes chevaux est assez simple – mais il faut arriver à faire les choses simples bien, et ce n’est pas si évident. Tout est basé sur la rigueur quotidienne, la répétition des choses à faire ou ne pas faire. Et ils finissent par s’installer dans cette façon de fonctionner. Cela se fait assez naturellement, mais il leur faut du temps pour apprendre, pour prendre de la condition physique, se muscler… Et ils ne vont pas tous à la même vitesse, il faut s’adapter vraiment à chaque cas et faire en sorte que le propriétaire soit content. J’ai la chance d’avoir des propriétaires comme B P Lecourtois ou M. Poitau qui me suivent depuis dix ans, donc, en général, l’ambiance est bonne. A l’écurie j’ai actuellement 4 à 5 chevaux par tranche d’âge. La finale à Fontainebleau est pour eux un objectif de formation, pas un objectif de victoire. On essaie de bien les préparer et on les emmène quand on estime qu’ils sont prêts. Evidemment, quand on gagne, c’est un moment très sympa mais je ne me fixe pas cet objectif au départ.

UPSULLA D'ALLOU CSI 2* AVEC AEC A SAINT LO

UPSULLA D’ALLOU CSI 2* AVEC AEC A SAINT LO

Je forme des jeunes chevaux depuis des années et j’ai eu de la chance de voir certains d’entre eux évoluer au plus haut niveau. Nasa, une jument que nous avons acheté à Michel Hecart et qui est devenue une championne avec Steve Guerdat elle s’est illustrée, entre autres, à Calgari et à Aix la Chapelle.

LE DESTIN DE NASA

LE DESTIN DE NASA

Kalaska de Semilly m’a été confié et je l’ai monté à 5 et à 6 ans. Il avait déjà été le champion à 4 ans et a montré du potentiel dès le début. Il a été facile, brave avec des moyens et il a fait les JO avec une cavalière amateure. C’est quand même sympa d’avoir formé les chevaux qui ont fait les JO par la suite, comme Maestro Saint-Lois par exemple.

KALASKA DE SEMILLY AU JO DE PEKIN

KALASKA DE SEMILLY AU JO DE PEKIN

REFAIRE DE BEAUX CONCOURS

Mes objectifs c’est de bien sauter les chevaux et de refaire les beaux concours. Le rêve ce serait de retrouver l’équipe de France et les Coupes des Nations. Je peux compter actuellement sur Ciento mon cheval de tête que je monte depuis qu’il a 4 ans. Il a beaucoup de sang, c’est un cheval très sensible qui avait peur de tout et qu’il fallait construire aussi bien physiquement que psychiquement. Vertige de Galarzac, 8 ans, est arrivé cette année dans mes écuries et nous avons commencé à sauter de belles épreuves de 145. Je compte aussi sur le retour en forme de Stella Lyght qui est née dans l’élevage familial qui a été championne des 6 ans, 3ème des 7 ans, qui a fait des Coupes des Nations et en a gagné une – elle a été arrêtée pour une blessure et elle recommence à sauter à la hauteur de 140-145. Il y a aussi Amant du Château GFE qui revient après sa saison de monte et qu’on prépare pour les Championnats de 7-8 ans à Bordeaux. Chacco Rouge que j’ai formé m’a été confié récemment par la famille Megret, je suis donc très bien équipé en chevaux de qualité.

CIENTO LE CHEVAL DE TETE

CIENTO LE CHEVAL DE TETE

Mais faire de beaux concours, même ceux de 5* n’est pas un but en soi, j’en ai déjà une certaine expérience. Je veux y aller seulement si j’ai une chance de faire quelque chose de correct avec mes chevaux…

 

Cérémonie pour Orient Express pendant le dernier Salon des Etalons

YANN ADAM UN PASSIONNE AU SERVICE DU CHEVAL

ADAM YANN . SALON DES ETALONS SAINT-LO

Directeur du Pôle Hippique de Saint-Lô depuis septembre 2013, Yann Adam est l’un de ces passionnés qui font la ville de Saint-Lô et de sa région un centre d’activité équestre reconnu en France et à l’international. Le rôle d’un directeur du Pôle Hippique  est de cultiver la tradition tout en pensant à l’avenir. Une mission délicate mais pas impossible….

Merci Moulinex…

Savez-vous que les travaux de restructuration du Pôle, réalisés entre 2007 et 2012 grâce au soutien du Département et de la Région et facturés 4 millions d’euros ont été mis en place suite à la fermeture des usines Moulinex ? Un amendement Moulinex a permis la levée des aides pour aider à relancer le territoire. Les dirigeants de l’époque ont eu une bonne intuition de miser sur le cheval.

De la vache au cheval

Au départ le Hall du Pôle Hippique était un parc d’exposition agricole où on présentait les vaches, cochons, chèvres et tous les animaux de l’élevage  – un salon de l’agriculture à l’échelle de la Manche. Tout à côté du salon était installé le centre équestre de la ville qui, depuis 2005, a obtenu l’exclusivité de son occupation pour pouvoir organiser les concours du saut d’obstacles. Jean-Claude Heurtaux qui a été le président de ce centre équestre a fondé l’association Saint Lo Cheval Organisation qui organise aujourd’hui les événements sportifs majeurs.

NHS une grande fête avec Jean Rochefort et Fernand Leredde  

L’événement le plus complet et le plus important à Saint-Lô c’est Normandy Horse Show organisé chaque été. C’est l’éleveur Fernand Leredde (affixe Rouge) récemment disparu qui a été à l’origine de sa création. A partir de 1988 et pendant dix ans les événements très festifs se sont succédés au château de Canisy avec la participation très active du comédien Jean Rochefort. Les fêtes mémorables se sont soldées par un très gros déficit. Il a fallu remettre les compteurs à zéro pour sauver le rendez-vous du sport et d’élevage – Cheval Normandie et les associations des éleveurs se sont mobilisés et puis c`est l’association NHS qui a repris l’organisation. En 2018 on va donc fêter 30 ans de NHS !

Le Selle Français, le retour en force

La race du Selle Français est apparue dans les années 60 grâce à la décision de moderniser les races locales existantes. Avec le développement de la pratique des sports équestres, les éleveurs des SF ont connu ensuite les heures de gloire, leurs poulains se vendaient rapidement et à bon prix. Les autres pays européens ont également pris en marche le train de l’élevage mais d’une manière plus structurée et plus commerciale. Les étalons français sont très souvent à l’origine de leurs lignées mais les bons sauteurs européens ont aujourd’hui, quelle que soit la race, du sang mélangé. Pas étonnant que l’idée de revenir vers un stud-book de la pure race anglo-normande n’a pas connu du succès – à peine 70 chevaux inscrits. Ce qui marche mieux, c’est le label « Selle Français originel » – avec 4 générations de sang français -proposé par le stud-book Selle Français. Le développement d’un élevage étranger concentré sur la performance a mis nos éleveurs, souvent amateurs passionnés – 60% d’entre eux fait naître 1 ou 2 poulains par an – en dehors du circuit de commercialisation efficace. J’ai eu l’occasion d’observer les sélections de KWPN. En première sélection ils choisissent 900 chevaux et parmi eux, rapidement, 250. Le nombre des étalons se réduit à 70 à l’âge de 3 ans et ceux là vont passer au dressage pendant deux mois. A la fin le stud-book va garder à peine 25-30 chevaux qu’ils vont vendre très cher alors que la majorité de la production va être « soldée ». Difficile de lutter avec cette logique quand on élève les chevaux parce qu’on les aime, on les garde jusqu’à 4 ans pour les valoriser et même jusqu’à l’âge de 5 ans pour être sûr que la croissance soit terminée. C’est une belle logique de l’élevage à l’ancienne, respectueuse du cheval et qui mérite une reconnaissance financière. Les éleveurs ont besoin de nous, de leur stud-book, de ceux qui doivent assurer la promotion de leur production en France et à l’étranger.

Un salon très glamour

Heureusement, on peut constater que tous nos efforts de promotion commencent à payer. Les organisateurs du CSI 5* de Bordeaux sont venus nous voir pour comprendre les raisons de notre succès. Tout d’abord on est situé dans le berceau de l’élevage français. Pour les éleveurs le Salon des Etalons est une fête et l’occasion de voir « en vrai » les étalons qui peuvent leur donner le poulain de leur rêve. L’éleveur est un passionné et un rêveur, sinon il ne ferait pas de tels efforts pour des résultats économiques complètement hasardeux. Notre salon est devenu incontournable – cette année on a comptabilisé 7000 entrées et 35 000 connexion en streaming, majorité grâce au site international. Nous avons fait le choix de présenter uniquement les mâles Selle Français ou agrées SF – certains trouvent ce parti pris discutable mais il a le mérite d’être clair. Car il n’est pas facile de faire plaisir aux étalonniers, chacun trouve que son concurrent est mieux traité bien qu’on essaie toujours de se comporter d’une manière équitable…. Les éleveurs aiment beaucoup le contact direct avec les étalons visibles également dans les boxes et profitent de la présence d’étalonniers pour glaner quelques conseils. Le choix est de plus en plus difficile car l’offre s’étoffe d’une manière spectaculaire et on peut se sentir un peu perdu face à une telle richesse : en 2016 on a présenté 106 étalons et cette année ils étaient 150. Les gros étalonniers ont  désormais 13 à 14 mâles alors qu’avant ils proposaient 6 ou 7 en moyenne. Le chef de race tel que Diamant de Semilly saillit chaque année 400 juments environ en France et le double à l’étranger mais on remarque également  un bel intérêt pour la jeune génétique – Thomas Rousseau n’a pas arrêté d’enlever la couverture de Candy de Nantuel (Luidam et Diamant de Semilly), il attire de plus en plus d’éleveurs ! La présence de Diamant de Semilly sur la piste est toujours un moment d’une grande émotion car c’est un grand-père de 26 ans et on a réussi à le présenter à côté de Contendro, un autre chef de race, c’était magique. Le succès du salon confirme la reprise du marché qui a chuté de 20% entre 2000 et 2015. La reprise date de l’année dernière, donc très récente et on espère que ça va continuer car l’élevage qui ne pèse plus en quantité n’a pas d’avenir !

Diamant de Semilly une légende au Salon

Diamant de Semilly une légende au Salon

Contendro à Saint-Lô

Contendro à Saint-Lô

Le meilleur chef de piste au monde…

Oui, on sent bien que la filière de l’élevage et de l’exploitation du cheval de sport relève un peu la tête. Les belles médailles olympiques en or ont fait une très bonne publicité à nos chevaux et nos cavaliers. La promotion de l’élevage passe par le sport et le Pôle Hippique de Saint-Lô est devenu un endroit important sur la carte des concours de qualité. Bien sûr, on aura jamais Longines, Rolex ni écurie Stephex comme partenaires, on doit donc se démarquer par quelque chose d’autre. Notre premier argument c’est le chef de piste : « Votre Jean-Paul c’est le meilleur chef de piste au monde » a dit Kevin Staut en parlant de Jean-Paul Lepetit. Kevin est toujours sincère et ne mâche pas ses mots quand il considère que le parcours ne respecte pas les chevaux comme c’était le cas cette année pour le GP Hermès. Heureusement pour nous Jean-Paul n’aime pas trop les voyages et ne parle pas l’anglais, nous pouvons donc disposer de ses talents tout au long de l’année. Il a vraiment le don et la science pour mettre en place les parcours subtils adaptés à chaque niveau et qui posent des problèmes techniques sans mettre les chevaux dans le rouge. Notre deuxième argument c’est la piste. Elle est d’une très grande qualité, préparée par les vrais spécialistes et soignée avec amour et compétences. Troisième qualité c’est la créativité. On met en place des événements qui permettent à tous les acteurs de la filière de s’exprimer ensemble : le sport, l’élevage, les jeunes chevaux, tout en pensant au commerce et à la fête aussi…. On a décidé d’aider AEC (Association des Ecuries des Concours) à organiser leur premier Meeting de Printemps car les cavaliers ont du mal à mettre au point une organisation qui devient de plus en plus compliquée avec plusieurs événements qui s’enchaînent. La nouveauté de l’année c’est la surprime de 50 000 euros pour les deux couples gagnants de CSI 2*. On n’est pas à 500 000 mais c’est déjà important de réussir à réunir une telle somme. Evidemment on surveille les projets de réforme de FEI ou de PMU avec une grande inquiétude car on a l’impression que les gens veulent réformer sans savoir comment la filière fonctionne et quels dégâts ils risquent de provoquer !!!

Cirque et Cabaret

Le Pôle Hippique est également responsable de l’animation du site des anciens Haras Nationaux. Les bâtiments sont loués et occupés par les chevaux mais il faut penser à l’animation du site, surtout en été quand on a beaucoup de visiteurs sur les côtes de la Manche – ce sont les côtes les plus longues en France et peu de gens le savent. En été on va donc proposer les spectacles équestres, le cirque, le cabaret, les reprises de dressage etc. Je ne suis pas lié d’une manière personnelle au monde du cheval de sport, ce qui me permet de rester neutre, mais je connais l’élevage des chevaux de course et j’aime bien les nouvelles idées. On en a toujours besoin pour progresser….

 

Julien une deuxième victoire

JULIEN EPAILLARD UN DIEU HERMES SAMEDI AU GRAND PALAIS

Ce n’est pas encore arrivé au Saut Hermes! Julien Epaillard a gagné les deux épreuves majeures de la journée sous la coupole de Grand Palais en s’imposant dans un style quasi divin devant les plus grands cavaliers de la planète. « On leur donne du lait, c’est pour ça », a plaisanté l’équipe sponsorisée par la Laiterie de Montaigu.

Julien et Cristallo volent vers la victoire

Julien et Cristallo volent vers la victoire

Le premier tour d'honneur

Le premier tour d’honneur

Samedi matin se courait le prix de l’organisateur GL Events avec 41 cavaliers au départ. Simon Delestre avec Hermes Ryan le bien nommé, parti avec le numéro sept, a été le premier à imposer un chrono de référence de 61.30 secondes. Le parcours dessiné, comme d’habitude au Saut Hermes par Frank Rotenberger imposait les tournants très difficiles et Ryan des Hayettes a donné toute sa générosité pour y arriver.

Ryan Cristallo et leurs cavaliers

Ryan Cristallo et leurs cavaliers

Bosty avec son magnifique Pégase du Murier a réussi à battre son chrono mais, pas de chance, la dernière barre qui tombe et la victoire s’envole – 58.08 c’était le parcours le plus rapide de l’épreuve. On remarque la maturité et la sérénité qui affiche désormais Pégase, très à l’aise même dans les configurations les plus délicates.

Bosty et Pegase sur le dernier obstacle

Bosty et Pegase sur le dernier obstacle

Philippe Rozier est parti à sa suite. Rahotep de Toscane a sauté avec tout son talent, le cavalier a imposé un tempo raisonnable avec une belle sixième place sans faute en 62.76.

Philippe et Rahotep une belle élégance

Philippe et Rahotep une belle élégance

Daniel Deusser et sa jument de tête Equita Vant Zorgvliet aussi rapide que puissante sont arrivés vers la fin et le numéro un mondial a déroulé un parcours parfaitement dessiné et fluide – pourtant pas facile pour cette grande jument – et s’est imposé face à Simon en 60.51. Le public pense que la victoire lui est déjà acquise quand Julien Epaillard entre sur scène avec Cristallo LM, ce fils de Casall de 13 ans. Il déroule son parcours avec le même tempo, rapide sans prendre tous les risques, fluide et, avec l’accélération vers le dernier obstacle, la victoire s’arrache en 59.28.

Daniel et Equita

Daniel et Equita

Equita un dressage parfait...

Equita un dressage parfait…

« J’ai vu la parcours de Simon, je ne voulais pas trop forcer dès le départ pour garder les forces pour la fin et le cheval a très bien répondu » – répondait Julien à tous les journalistes qui se pressaient autour de lui.

La victoire normande

La victoire normande

Pendant l’épreuve on a remarqué de très beaux tours de Nicolas Deseuzes, Julien Gonin et Olivier Robert.

LE SOIR C’EST JULIEN AGAIN

Pour la soirée l’organisateur pour la première fois a mis en place un nocturne  – la foule se pressait devant le Palais – les mesures de sécurités obligent – pendant que le Prix du 24 Faubourg, une vitesse à la difficulté progressive commençait exactement à 19.30. L’épreuve était délicate et les barres, légères comme des plumes, tombaient facilement. Bosty, encore avec Pégase du Murier qu’il a jugé assez frais pour sauter une fois encore un important parcours de vitesse a terminé sans faute en 44.31, un très beau tour et une quatrième place.

Bosty et Pegase le couple en forme

Bosty et Pegase le couple en forme

Après lui c’est Bertram Allen avec un jeune Izzy by Picobello de 9 ans qui a fait la démonstration de son talent et a réussi à battre Bosty en 43.96.

B ALLEN GL

Kevin Staut, avec Elky van Het Indihof HDC, qui a été un peu trop bouillonnante dans la matinée, a rendu cette fois son cavalier heureux. Un tour magnifique, la jument généreuse mais à l’écoute, et un résultat 43.28 applaudi et fêté comme une belle victoire par le public enthousiaste.

Kevin et Elky

Kevin et Elky

Kevin heureux après un tour parfait

Kevin heureux après un tour parfait

Arrivé quelques minutes après Kevin, Julien Epaillard en compagnie de Quatrin de la Rocque LM reste concentré, place parfaitement ses foulées, le cheval répond sans forcer et le miracle s’accomplit : Julien Epaillard prive Kevin de la victoire et gagne avec un chrono de 42.82. « Ce sera le champagne pour tout le monde », promet le cavalier. Une telle double victoire ça se fête !!!

Julien Epaillard et Quatrin de la Roque

Julien Epaillard et Quatrin de la Roque

Julien une deuxième victoire

Julien une deuxième victoire

Quatrin de la Roque et son groom

Quatrin de la Roque et son groom

Une équipe qui gagne...

Une équipe qui gagne…

LES COUPLES PRESQUE PARFAITS

L’épreuve phare du samedi, dix couples associés par un tirage au sort et se mesurant en deux manches a été assez surprenante cette année. Le couple de tête de la première manche, avec un magnifique tour de Pénélope Leprévost sur Ratina D’la Rousserie et de Rolf-Göran Bengtsson avec Clarimo Ask s’est retrouvé finalement quatrième – Pénélope et sa jument assurant à chaque fois un parcours parfait avec un très bon chrono alors que Rolf-Göran a visé le sans-faute sécurisé a fait tomber la dernière barre au deuxième tour. Pas de chance mais une magnifique performance pour la cavalière normande et sa jument vraiment pas comme les autres.

La détente de Ratina

La détente de Ratina

Pénélope et Ratine une entente hors normes

Pénélope et Ratina une entente hors normes

La victoire va au couple germano-suédois. Petronella Andersson de l’écurie Stephex avec Ivoor van T Paradijs et Christian Ahlmann sur Colorit.

Petronella Andersson et Christian Ahlmann

Petronella Andersson et Christian Ahlmann

A la deuxième place un couple jeune et glamour. Juulia Jyläs pour la Finlande avec Courage T Z et Olivier Phillippaerts sur sa magnifique jument Legend of Love – que l’on dit l’une des meilleures juments au monde.

Juulia très heureuse

Juulia très heureuse

Olivier et la belle Legend of Love

Olivier et la belle Legend of Love

A la troisième marche du podium un couple-surprise composé de Margaux Bost, débutante à ce niveau d’épreuve et sous cette coupole bien impressionnante, en compagnie de son fidèle As de Papignies – un petit quatre points au deuxième tour – et de Daniel Deusser sur Clintop 2. La cavalière et sa groom ont été rayonnante de bonheur. Pour une entrée en piste des cinq étoiles on ne pouvait rêver mieux…

 

Margaux et sa groom très heureuses

Margaux et sa groom très heureuses

Margaux et Daniel

Margaux et Daniel

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SAINT LO COTE RIO

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Le soleil bien généreux, les tribunes pleines du public attentif, enthousiaste et chaleureux et sur la piste un parcours très sélectif signé Jean-Paul Lepetit, voilà l’ambiance qui nous a fait penser à des grands événements sportifs se déroulant au même moment sous le ciel de Rio de Janeiro. Photo: On a même eu les médailles…

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Le Grand Prix du Conseil Départemental de la Manche qui  clôturait ce dimanche 15 août le CSI 3* et l’ensemble des événements du Normandy Horse Show nous a donné un bon lot d’émotions équestres. Pendant un bon moment on a cru même à la possibilité d’un Grand Prix sans barrage, tellement le parcours semblait difficile à apprivoiser. Photo: Mathieu Billot et Shiva d’Amaury

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Alexis Deroubaix avec Timon d’Aure (sur la photo) a été le premier à trouver la clé de ce parcours très technique et on a attendu Mathieu Billot, l’un des derniers à se présenter avec Shiva d’Amaury, un cheval qui commence à avoir l’habitude des étoiles, pour dérouler un deuxième parcours parfait. Il seront accompagnés par Romain Duperret avec Star de Baimont. Ils seront que trois au barrage…

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Tony Hanquinquant qui est arrivé sur la piste avec Tourterelle d’Elle avec un brassard du Meilleur Cavalier du Concours – perdu en route au profit de son voisin Mathieu Billot – analyse ainsi les difficultés imposées par le chef de piste. « C’était dur et la hauteur de 150 imposait un grand effort à ma jeune jument de 9 ans qui n’a pas encore sauté à cette hauteur. La distance vers la rivière était délicate: trop grande pour 5 foulées, trop petites pour 6, on avait du mal à l’aborder correctement. Ensuite le vertical rose après la rivière, très étroit, qui tombe rien qu’en le regardant et l’oxer venant très vite. La jument a fait les deux fautes à ce moment-là et moi j’ai fait la troisième. Je suis quand même très contente de la jeune jument qui ne s’est pas montrée trop impressionnée et a fait juste les fautes techniques liées à son manque d’expérience. On dirait que les cavaliers se sont laissés impressionnés par les difficultés et même ceux qui ont réussi à déjouer les pièges de la rivière ont fini par faire une faute là où les distances semblaient « classiques ».  » Photo: Tony et Tourterelle

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Parmi eux Floriant Angot sur Soprano de Grandry a, comme plusieurs autres couples a déjoué parfaitement tous les pièges du parcours pour faire tomber finalement une barre de l’avant-dernier obstacle, un vertical qui ne présentait pas de difficulté majeure avant le dernier oxer. Photo: Floriant Angot

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Ils étaient 21 au total à marquer une faute et chaque obstacle a pu se révéler fatal. A l’arrivée c’est donc Mathieu Billot sur son expérimenté déjà Shiva d’Amaury a confirmé une fois encore sa réputation d’un cavalier avec les nerfs d’acier et la forme de son cheval, qui se classe de plus en plus souvent dans les CSI 5*.

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Le challenge du Meilleur Cavalier du CSI 3* (Prix Ecurie de Beauclerc) est également remporté par Mathieu Billot alors que Shiva d’Amaury remporte le challenge du Meilleur Cheval Selle Français. Photo: la démonstration d’attelages

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Yazmin Pinchen, quant à elle, a été sacrée Meilleure Cavalière de ce CSI 3* (Prix Bijouterie Surville).

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Yannick Gaillot a été sacré Cavalier le plus rapide du Normandie Horse Show et Vintage d’Authuit, la gagnante des 7 ans, a été sacrée Meilleure Jument du CSI 1* YH (Prix Groupe France Elevage).  Côté championnat de foals c’est Glamour de Brunel, fille d’Emerald (BWP, petite-fille de Diamant de Semilly) qui a été sacrée la Championne Suprême des Foals SF. L’avenir appartient aux dames comme dit la chanson…

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Samedi, c’est l’épreuve de puissance qui a été le clou de la soirée. Photo: Aymeric de Ponnat en action. Photo de tête: Constant Van Paesschen l’une des guest stars du concours

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BERTRAND LIEGER OU L’ART DE DRESSAGE A LA FRANCAISE

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Bertrand Liéger et Star Wars ont impressionné le public de beau concours international 3* de dressage Dress’In Deauville par une apparente facilité, fluidité, une absolue discrétion des aides et un cheval détendu, aux ordres et dynamique. L osmose et l’harmonie entre le cavalier et son cheval qui forcent l’admiration même chez les non-connaisseurs de la discipline.  « Je pratique encore de l’art équestre alors que d’autres font du sport », affirme Bertrand savourant sa deuxième place du GP Spécial 3* avec une note de 70,314% derrière la championne britannique Laura Tomlinson sur Rosalie B notée à 70,549%. Photos: Laura et Rosalie B

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Bertrand Liéger a rencontré Star Wars quand le cheval avait 5 ans et il en a 14 aujourd’hui. « A 6 ans Star Wars ne changeait pas encore de pied affirme le cavalier qui est adepte d’une formation longue et patiente, tout en douceur. « Mon cheval évolue encore aujourd’hui alors que pour les chevaux travaillant dans la contrainte ce n’est plus possible. Je ne déroule jamais de reprise complète à la maison. Je travaille par les petites séquences d’une demi-heure et souvent. On sort les chevaux le plus souvent possible, sur la piste extérieure, brouter en main, pour garder le moral. »

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Bertrand est un élève du fameux dresseur français Patrick Le Rolland avec qui il a travaillé pendant des années. « Je suis un Normand de la Manche, raconte le cavalier, j’ai commencé l’équitation tardivement à l’âge de 15 ans en essayant le CSO et le complet et je me suis consacré au dressage suite à la rencontre avec ce maître exceptionnel qui était Patrick Le Rolland que j’ai suivi en Belgique où je réside depuis 20 ans. » Formé dans l’esprit classique de la légèreté, Bertrand a séduit les propriétaires de Haras de la Ferme Rose installé à côté de Bruxelles qui mettent à sa disposition des chevaux de dressage dans un cadre rêvé pour l’exercice de l’art équestre. Le cavalier  était en lice pour les JO de Rio mais la tendinite de son cheval n’a pas favorisé ses espoirs de participation à l’équipe de France. « Heureusement il reste tant de grands internationaux », sourit le  cavalier qui réfléchit à sa participation à  l’étape de la Coupe du Monde de Dressage pendant l’Equita Lyon en octobre. Une très bonne idée, qui  permettrait au public plus large de faire la découverte de ce dresseur qui « danse avec les chevaux » en harmonie et dans la légèreté.

Une autre cavalière proche de ses chevaux et avec beaucoup de sens artistique a séduit les juges et le public de Deauville, c’est la jeune Espagnole Morgan Barbançon Mestre avec Girasol 7, gagnante de la Reprise Libre en Musique avec la belle note de 73,25%. Photos: Morgan pendantle Grand Prix Special avec Sir Donnerhall II qui a droul pour la premiere fois une reprise internationale.

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A la deuxième place on retrouve une autre Française, fidèle au concours de Deauville, Claire Gosselin sur Karamel de Lauture avec 72,475%. Au total un beau concours se deroulant du du 21 au 24 Juillet au PIC de Deauville sous le soleil, exactement. Photo: les rencontres au PIC de Deauville

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Tous les resultats : http://www.pole-international-cheval.com/cdi-2016