
Selon l’idée populaire, une muserolle est là pour fermer la bouche d’un cheval et, en Allemagne, le terme « ferme-bouche » est même utilisé pour nommer la muserolle. Ce n’est pas tout à fait faux dans différents aspects.
Importante pour un jeune cheval
Dans la formation d’un cheval récemment débourré la muserolle joue le rôle important, permettant de montrer au cheval comment gérer la pression de la bonne façon lorsque l’action du mors agisse. Avec un jeune cheval, il s’agit d’une réaction naturelle d’ouvrir la bouche ou de tordre la mâchoire quand il ressent une pression sur la langue ou les barres pour la première fois. Le jeune cheval tente d’échapper au premier contact (doux obligatoirement !!!) et contracte la musculature qui lui sert à mâcher et qui devrait être décontractée. En fermant la bouche de manière acceptable le jeune cheval apprend plus facilement à prendre le mors et à le mâcher ce qui n’est possible que si la muserolle n’est pas trop serrée. Lorsqu’on monte avec un mors brisé simple, l’action des rênes va transporter la pression vers les barres et la langue. Le cheval qui essaie de se soustraire au mors, retrouve une pression sur le nez par la muserolle et cède, idéalement en abaissant la tête. La règle générale est la suivante: plus une muserolle est placée basse, plus de pression prend le mors. Alors que la muserolle exerce une certaine pression sur le nez sensible du cheval, la courroie de la muserolle correspondant au menton soutient la mâchoire inférieure.
Une muserolle correctement ajusté contribue non seulement à montrer au jeune l’acceptation correcte du mors, mais aussi l’empêche d’apprendre des réactions désagréables comme de tordre les mâchoires ou même de passer la langue sur le mors, choses que peuvent arriver, peu importe la bonne main du cavalier.
L’anatomie du cheval détermine le choix et l’ajustement de la muserolle
Pour un ajustement correct de la muserolle il faut tenir compte des parties suivantes de l’anatomie du cheval : l’os du nez (apophysis zygomatique), la mâchoire, la langue, les barres et la musculature de la mâchoire. L’os nasal et la crête de nez du cheval sur lesquels repose chaque muserolle deviennent plus délicates vers les narines.

La tête du cheval
La mâchoire inférieure se compose de deux parties osseuses qui se déroulent séparément pour s’unir près du sommet, où sont situées les incisives. Entre les incisives et les molaires, il y a une zone sans dents appelée les barres où repose le mors. La mâchoire inférieure n’est pas assez solide pour supporter une pression très forte et elle peut même se casser lorsqu’une certaine pression de mors avec un effet de levier fort est mise sur une mâchoire ouverte.

Les deux machoires
La langue du cheval est en grande partie un muscle qui remplit la bouche entre les dents. Elle agit comme un coussin pour le mors. Donc, chaque action du mors provoque une certaine pression sur la langue et sur les barres.
Les plus gros muscles de la tête du cheval sont les muscles de la joue. Le cheval commence à mâcher si la mâchoire est détendue et souple. Lorsque la musculature responsable de ce processus est contrainte pour une raison quelconque (la muserolle trop serrée par exemple), le cou et le dos du cheval deviennent raides et automatiquement les jambes postérieures sont également affectées. Parfois le blocage de la musculature à mâcher peut entraîner le grincement des dents.
Contrairement aux os et aux muscles, les nerfs restent invisibles pour nous. Cependant, il est intéressant de savoir que deux nerfs circulent dans des régions où nous mettons la muserolle. Un gros nerf termine là où l’on positionne la muserolle française, l’autre dans la rainure du menton où le bout de la muserolle est attaché. Ainsi, serré trop fort, il est probable que les nerfs soient comprimés, ce qui provoque des douleurs nerveuses au cheval.
Les règles à respecter absolument !!!!
-Toutes les muserolles doivent être réglées de manière à ne pas appuyer sur les narines ou l’os de la joue ; le flux d’air ne doit pas être restreint d’aucune façon !!

La machoire est à l’aise et le cheval détendu
-Dans n’importe quelle muserolle ajustée on doit pouvoir passer 2 doigts sur les parties osseuses sous les sangles. Le cheval doit pouvoir encore ouvrir sa bouche, détendre la mâchoire et mâcher, sinon il ne viendra pas sur le mors sauf si on utilise la force.

-Les muserolles doivent être choisies pas seulement pour une finalité mais on doit tenir compte aussi l’anatomie de la tête individuelle du cheval.
La célèbre cavalière de dressage classique français Catherine Henriquet donne un conseil général facile pour trouver la correcte fermeture de la muserolle: «Votre cheval doit encore pouvoir manger un bonbon». « Pour un jeune cheval qui sent le mors dans la bouche pour la première fois, c’est une réaction naturelle et immédiate de se défendre, par exemple en essayant de passer la langue sur le mors. Cela peut devenir systématique. Dans certains cas, lorsque les chevaux ont des bouches très sensibles, le cheval peut tordre la mâchoire même si le cavalier a une main douce. Ici, l’utilisation d’une muserolle permet d’éviter un problème avant qu’il se manifeste lui-même. Ajusté de manière correcte, une muserolle laisse au cheval assez de liberté pour pouvoir mâcher le mors. La muserolle doit être fermée de tel sorte que nous puissions encore donner au cheval un bonbon. Utilisé avec attention et respect, c’est une simple précaution pour limiter les problèmes liés au débourrage. Avec nos chevaux plus avancés, nous utilisons la muserolle française (identique à l’anglaise). Cependant, la meilleure prévention contre les bouches ouvertes et de travers est une bonne main. Une bouche normale et une main juste c’est bien la meilleure façon d’avoir un bon contact, plutôt que de bloquer les mâchoires par une muserolle serré. Les chevaux qui n’ont pas montré de problèmes spécifiques au cours des 18 premiers mois de leur formation devraient pouvoir se passer d’une muserolle combinée ».

Catherine Henriquet
Pour détendre les muscles et préserver la bouche ?
En supposant que le cavalier a les mains douces et ne tire pas, la muserolle aide à obtenir une bouche détendue car elle supporte le menton du cheval. Sans muserolle, la mâchoire s’ouvre plus facilement à partir de la pression du mors. Le vétérinaire autrichien, Robert Stodulka, mentionne dans son livre bien connu « Medizinische Reitlehre » qu’une muserolle qui n’est ni trop serrée ni trop basse, épargne la bouche du cheval et ne comporte aucun danger.
Les chevaux de dressage avec des mâchoires totalement fermées et leurs bouches ruinées par un contact trop fort et par une gourmette trop fermée, sont l’image la plus éloignée du dressage idéal.
Pour tenir le mors droit et fixe ?
Afin de donner des signaux précis et doux à travers le mors, la muserolle doit être correctement installée, droite et aussi fixe que possible. Ruth Klimke, la mère d’Ingrid Klimke, la cavalière du complet très connue, considère que c’est la fonction principale d’une muserolle dans l’entraînement de dressage est de permettre que « le mors reste fixe et tranquille dans la bouche du cheval afin qu’il se sente à l’aise et confortable ».
Les mors brisés répondent à cette exigence simplement par leur construction, mais aussi les muserolles peuvent aider à garder le mors droit et silencieux. Il semble que, en particulier, les muserolles combinés qui se ferment devant le mors, mais aussi une bande de nez tombée correctement ajustée, aident le mors à rester sans bouger. Cet effet ne se produit pas avec d’autres muserolles, comme la française.
Inutile ?
Il existe des disciplines de la FEI telles que l’endurance et le reining dans lesquelles nous voyons des chevaux sans muserolles, mais ce sont des disciplines équestres qui n’ont pas besoin d’un contact constant et sont principalement montés avec des rênes longues. Le dressage consiste à avoir un contact constant, quoique léger, avec la bouche du cheval et, pour cela, nous devons avoir un impact et sur elle. Est-ce que cela signifie automatiquement un choix entre une bouche ouverte ou une bouche complètement serrée ? Pour les cavaliers de dressage professionnels, c’est une question inexistante, car les règles exigent une muserolle.
Parmi les cavaliers de dressage en dehors de la compétition, on peut voir des jeunes chevaux et des chevaux plus âgés montés à haut niveau sans muserolle, par exemple par les adeptes de Philippe Karl. Le Français, issu du Cadre Noir de Saumur, a créé une méthode basée sur ses expériences et ses connaissances de différents maîtres d’équitation, qu’il avait brevetés et appelé «École de légèreté». L’Allemand Martin Plewa, un cavalier international des années 70, et aujourd’hui le chef de l’École allemande d’équitation et d’attelage à Münster, a dit également qu’un cheval très bien dressé pourrait être capable de se passer d’une muserolle. L’ancien chef du Cadre Noir et le juge de la FEI, le colonel Christian Carde, comme Henriquet, un représentant de l’approche française, est à l’unisson avec Klimke et Plewa et lui a dit à Eurodressage: « Si un cavalier a de bonnes mains, il n’y aura pas de problèmes de bouche sur un cheval bien entraîné, donc une muserolle est dispensable. »

Ecole de la légèreté
En principe, il devrait l’être. Cependant, tous les chevaux ne parviennent pas à ce niveau de légèreté, même parmi les mieux entraînés. De plus, tous les cavaliers, même au niveau olympique, n’ont pas ce contact idéal avec le mors, ni les mains douces et sensibles nécessaires pour obtenir un tel contact, hélas.
par Silke Rottermann pour Eurodressage.com
Dans le saut d’obstacles ?
On peut ajouter qu’en saut d’obstacles on peut parfaitement utiliser la muserolle française la moins contraignante mais on constate qu’aujourd’hui la muserolle combinée est devenue la plus répandue. Certains commentateurs estiment qu’elle empêche le cheval de se défendre dans le cas d’une action de main violente. Une telle main est à éviter de toute façon et le cheval va finir par se défendre en multipliant les refus ou d’une autre manière – apprendre à monter et à sauter sous l’œil d’un instructeur extérieur est donc primordial. La muserolle, comme chaque aide, doit donc être utilisée d’une manière réfléchie et surtout PAS TROP SERREE, car à la place de l’aide on se retrouve avec la souffrance du cheval et la souffrance n’a jamais aidé personne à fait un bon parcours !
Myriam Latorre Tomas