» A mes yeux, toute légitimation de l’hyperflexion est une catastrophe, car cela serait en contradiction formelle avec les principes de l’équitation classique. Pour le cavalier, la fin ne justifie pas les moyens. Un bon dressage est le résultat d’un long travail gymnastique du cheval, on ne saurait remplacer cela par un quelconque moyen purement mécanique. Si donc l’on pense que le dressage est une éducation conçue pour le bien-être du cheval et sa protection, comment pourrait-on imaginer qu’un outil purement mécanique puisse être bénéfique? Je suis persuadée que pour le cheval habitué au réflexe du fuite, l’hyperflexion est une vrai torture ». (Gabrielle Pochhammer, rédactrice en chef de Reiten Sankt-Georg)
La théorie
Le terme Rollkür est un vocable allemand, composé du mot roll (de rollen, rouler, enrouler) et kür (désignant l’entraînement aux figures libres). Il est traduit par « Hyperflexion ». Cette technique consiste en travailler le cheval bas et rond, avec un cheval en équilibre, la ligne du dessus tendue, en sortant le garrot, l’arrière main sous la masse. Cela a pour but de muscler le dos et de développer les allures du cheval dans les meilleures conditions.
La pratique
On peut définir la méthode, en visualisant les vidéos et photos des séances d’entraînement et de la détente, pour se rendre compte que la pratique est bien loin de la théorie. On retrouve un cheval contraint dans une attitude caractérisée par le nez dans le poitrail, l’encolure en extension extrême, les parotides écrasées, la respiration difficile, les champs de vision en grande partie amputés et, de fait, réduit à sa plus simple expression. Les plus illustres représentants de cette méthode sont Anky Van Grunsven et son entraîneur Sjef Janssen. Anky et Sjef nous disent : «Hyperflexion n’est qu’une partie de notre entrainement et la position varie très souvent. L’hyperflexion n’est maintenue que durant de très brefs moments et est utilisée en alternance avec de longs moments de relaxation. » En réalité même sur les cavaliers olympiques on peut voir de (très) longs moments de travail dans des allures vives où l’hyperflexion est maintenue sans aucune interruption et n’est absolument pas suivie de moments de relaxation, ni d’extension de la nuque.
Comment ça marche ?
La méthode Rollkur implique une position de sur-encapuchonnement qui se caractérise par la déformation de la colonne vertébrale du cheval : La courbe n’est plus régulière mais forme un « S ».
Une bouche martyrisée
Une bouche humide avec un peu d’écume blanche est bon signe. Cela révèle une bouche et une langue décontractées. En revanche, des filets de salives s’échappant entre les lèvres et une mousse excessive résultent d’une contraction de la langue due à la contraction de la ligne inférieure de l’encolure, souvent accompagnée d’une traction sur le mors. La langue se contracte et se tortille pour tenter d’échapper à une pression insupportable.
Récompensé par les juges
Dernière déclaration de positions de ISES sur l’hyperflexion de la tête et de l’encolure le 7 Août 2015. En conclusion : en comparant les effets de la gymnastique avec les coûtes évidentes d’altération du bien-être du cheval, il reste peu de raisons pour lesquelles l’utilisation de postures extrêmes ou d’hyperflexion de la tête et de l’encolure dans le travail/entraînement du cheval devrait être considéré comme une pratique acceptable.
Cependant, comment expliquer le fait que ce style d’attitude prédomine dans les concours de dressage, même internationaux, et que ce soit ces mêmes chevaux qui récoltent le plus de points ?
La méthode Rollkur a pour avantage de robotiser les mouvements du cheval. Le fait de maintenir de manière prolongée et répétée sans cesse à l’entraînement d’une position basse et derrière la verticale à un effet de soumission psychologique. L’habitude de garder la tête et l’encolure bloquée dans une même position robotise le cheval qui va apprendre à exécuter tous les mouvements d’une reprise sans la moindre perte de fixité de la tête et va lui inculquer une régularité quasiment impossible à atteindre par un travail classique. Le fait de « libérer » le cheval de cette position d’esclave durant le passage en compétition le soulage d’un coup et il exécute alors des mouvements avec moins de douleur physique et psychologique.
Nous en revenons alors au problème d’évaluation en compétition. Tant que les juges feront prévaloir la régularité, la fixité et la robotisation des mouvements exécutés par rapport à la décontraction, au vrai rassemblé et à l’expression, il n’y aura pas de place à l’équitation classique dans les concours.
A lire absolument : Dressage moderne : un jeu de massacre ? de Gerd Heuschmann
Ce livrer est devenu un best-seller en Allemagne:
« Un cheval qui accepte les aides, coopère en toute confiance et prend plaisir à travailler avec son cavalier représente le summum de l’art équestre. Mais sur les carrés de dressage et dans les manèges, nous observons un spectacle malheureusement totalement différent : on tire et on cisaille au nom du principe selon lequel « la tête doit aller en bas ». De jeunes chevaux sont comprimés et mis dans un moule, par ambition mal placée ou par ignorance, aux dépends de leur intégrité physique. La grande majorité de ces cavaliers, même ceux de haut niveau, et les entraîneurs, affirment néanmoins agir selon les règles de « l’équitation classique ». Derrière ces méthodes se cache une méconnaissance totale du cheval et de l’art équestre.
Comment les amoureux des chevaux et les cavaliers peuvent-ils reconnaitre les méthodes qui nuisent, à long terme, à la santé de leur monture et inversement, celles qui lui sont bénéfiques ? Ce livre donne des réponses et fournit des arguments relatifs au « vrai » et au « faux » de la pratique équestre. Le titre allemand du livre est « Le doigt dans la plaie », et se veut intentionnellement provocateur.
Gerd Heuschmann dénonce ouvertement les dérives en équitation de compétition et de loisir. Mais ce livre est bien plus qu’une accusation : Heuschmann démontre, à l’aide de photos et de données anatomiques comme physiologiques, les répercussions d’une monte incorrecte sur la santé du cheval. Ses explications détaillées permettent de faire comprendre à tous les cavaliers l’utilité de former leur cheval d’après les principes éprouvés de la vraie doctrine équestre classique : simplement pour qu’il reste en bonne santé. »