
Tony « comme chez lui » au Haras des Muriers
Tony Hanquinquant, le cavalier normand bien connu des concours de la région et portant le double titre Champion de France Pro 2 et Pro1 avec la même jument Oxygène d’Eglefin, est installé dans les écuries du Haras des Mûriers. Depuis quelques mois Tony monte également les protégés de Geneviève Megret qui lui permettent d’envisager une nouvelle étape dans sa carrière et de rêver aux pistes des concours très étoilés…
Un amour d’enfance
Mes parents n’étaient pas du tout dans le milieu des chevaux et nous habitions Yvetot. J’ai découvert les chevaux à sept ans grâce à un ami de mon père qui a monté une écurie avec des chevaux pour faire de la balade. C’était une très bonne école pour apprendre les bases techniques et être à l’aise avec le cheval dans toutes les circonstances. J’aimais beaucoup ça… Ensuite c’est Luc Van Colen, l’oncle d’Axel Van Colen qui a acheté la propriété et a installé un centre équestre. Ce centre est devenu ma seconde maison. J’y ai passé tout mon temps libre, je faisais les boxes, je montais les chevaux, j’emmenais les gens en balade.
Le CFA d’Yvetot, une très bonne école
A 16 ans je suis entré au Centre de Formation Agricole à Yvetot, une école d’une très bonne réputation. Yann Audebert y était alors responsable de la formation hippique et c’était un professionnel exceptionnel qui nous a appris l’essentiel du métier. Je continuais également l’apprentissage sur le terrain – chez Bruno Lesage et ensuite au Haras du Loup. J’ai opté ensuite pour le Monitorat. C’est ainsi que je me suis retrouvé pendant deux ans chez Gilles Decaqueray en tant qu’ élève-moniteur. C’était une expérience très formatrice et enrichissante car Gilles gérait une structure importante avec un club, une écurie de propriétaires et il faisait aussi un peu de commerce des chevaux. Ensuite, pendant un an j’ai été salarié chez Michel Hécart.

Tony avec Tourterelle d’Elle Besoin de liberté…
Après un an chez Michel Hécart j’ai décidé de devenir libre, indépendant et à mon compte. Là aussi j’ai beaucoup appris. J’ai travaillé pour Les Ledermann et cela a été un moment important car Jean-Pierre Ledermann a une grande expérience et une approche des jeunes chevaux très mesurée et patiente. Cette rencontre m’a beaucoup marquée dans ma carrière, il me fait penser à Henry Prudent que j’ai la chance de côtoyer maintenant au Haras de Clarbec. A cette époque je montais également les chevaux pour Le Haras de la Pomme et Le Haras d’Ouilly – 14-15 chevaux par jour en moyenne. Je faisais beaucoup de route et beaucoup d’horaires mais je gagnais bien ma vie et je n’avais pas de logistique à gérer. C’était le bon côté de ce mode de fonctionnement.

Avec Sultane des Ibis
Construire une carrière sportive
Mais j’avais envie d’obtenir de bons résultats sportifs et cela n’était pas facile avec cette formule. On ne peut pas toujours faire confiance aux propriétaires concernant la gestion du travail des chevaux et c’est difficile d’avoir des résultats quand on les monte deux fois par semaine. J’ai donc commencé à réunir les chevaux des propriétaires dans une structure. L’élevage de Cormeilles comptait parmi mes premiers propriétaires, l’élevage d’Ouilly également. Je me suis installé d’abord au Brèvedent, ensuite à Saint Gatien et depuis 2013 j’ai posé mes chevaux au Haras des Mûriers. Mon alliance avec la famille Cottard fonctionne très bien, c’est une petite structure, je m’y sens chez moi, de mon côté j’aide à la remplir avec les chevaux de mes propriétaires et je coach les cavaliers maison. L’année dernière j’avais 25 chevaux, cette année j’ai réduit l’effectif à 15.

Avec Varenta GEM
En octobre 2016 j’ai été contacté par le Haras de Clarbec avec la proposition de venir monter les chevaux au Haras deux fois par semaine. Je n’étais pas forcément prêt à l’accepter vu que ma structure marchait très bien avec les chevaux de plusieurs propriétaires mais après une discussion de deux semaines j’ai accepté la proposition et aujourd’hui j’y travaille à mi-temps. Il faut avoir pas mal d’expérience et la tête bien sur les épaules pour travailler dans une maison aussi importante car on a pas mal de pression et il faut pouvoir y résister. Je ne cours pas après les 5 étoiles toutes les semaines mais j’aimerai y goûter. C’est possible avec Chacco Rouge que je monte depuis quelques mois car c’est un cheval exceptionnel qui passe avec aisance tous les paliers. Il est courageux, respectueux, et s’applique pour faire plaisir à son cavalier. C’est un cheval qui a les moyens d’affronter le plus haut niveau. Comme il a eu des soucis de santé il a été préservé et a conservé beaucoup de fraîcheur. A son côté il y a Sultane des Ibis, Vahine de Favi et Varenta Gem. Dans mon écurie j’ai également Tourterelle d’Elle qui a déjà fait des GP à 150 – et qui pourra aussi épauler Chacco pendant de beaux concours.

Avec Chacco Rouge à Deauville
Les chevaux qui ont compté
Le premier qui a beaucoup compté c’est Pearl Harbor, c’est avec lui que j’ai fait mes premières grosses épreuves à l’époque de mon travail pour les Ledermann. J’étais timide alors qu’il n’avait peur de rien, il m’a donné de l’assurance. La deuxième c’était évidemment Oxygène d’Eglefin, une battante qui m’a apporté de la régularité. Quand elle était en forme on pouvait être sûr d’obtenir un bon classement. Et c’est avec elle que j’ai obtenu deux fois le titre de Champion de France. Ce doublé m’a vraiment apporté de la reconnaissance du milieu. Maintenant avec Chacco Rouge j’espère monter le plus haut possible – on a un cheval pour le faire et la propriétaire très motivée, alors tout est possible.
Avec les chevaux il faut rester philosophe
Avec les chevaux il faut toujours rester philosophe car on ne sait jamais… Je ne sais pas si mon aventure avec le Haras de Clarbec va durer mais on fait au mieux sur le moment présent. On fait un métier de passion. On est motivé par la volonté de faire des beaux parcours et des bons résultats mais en réalité sur vingt parcours il y a souvent un parfait qui s’est déroulé exactement comme on voulait, pour les autres on rumine en se disant « j’aurais dû faire mieux ». Mais c’est toujours le parcours réussi qui nous motive pour la suite.