Edwina Tops-Alexander a été parfaitement heureuse d’emporter avec sa magnifique jument California ce Grand Prix Hermès ultra sélectif qui s’est joué le dimanche après-midi sous la coupole du Grand Palais.
Pénélope Leprevost et Vagabond de la Pomme, portés par la foule enthousiaste, se placent deuxième et Bertram Allen avec sa bonne Molly Malone V, désormais de retour en grande forme, ferme le trio de tête. Nous fêtons ainsi, ce qui est assez rare à ce niveau, une double victoire féminine dans une épreuve qui restera certainement dans les mémoires.
A la reconnaissance déjà on voyait les visages fermés et les cavaliers préoccupés – mais avant le départ d’un Grand Prix important ce n’est pas vraiment surprenant. Mais dès premiers parcours on a vu que ça allait être compliqué, Philippe Rozier avec Rahotep de Toscane, deuxième au départ, a décidé d’abandonner assez rapidement car il « ne sentait pas ce parcours qui lui paraissait trop dur pour les chevaux».
Il a été suivi par douze autres cavaliers dont Patrice Delaveau, Lorenzo de Luca, Max Kühner, Michael Whitaker ou Pedro Veniss – un tiers de 47 participants.
Bertram Allen et sa fille de Kannan parti dans la première partie de l’épreuve a réussi à signer un magnifique parcours sans faute et a fait naître l’espoir d’un éventuel barrage. « Ma jument a vraiment tout donné, a commenté le jeune Irlandais, et plus le temps passait, plus je me disais que j’avais de bonnes chances de victoire étant le seul sans faute ».
En effet, vu la difficulté du parcours, le fait de l’avoir terminé c’était déjà une réussite et 4 points correspondaient à un tour sans-faute et ils étaient onze dans ce cas de figure. Juste le nombre que l’on espère pour une épreuve réussie.
Et puis Pénélope est arrivée avec son étalon puissant et disponible. « Oui c’est vrai que mon cheval est parfait, confirme la cavalière. Quand on regarde son parcours on ne se rend pas compte de la difficulté de l’épreuve. Et même à la remise des prix il est adorable. ». Vagabond de la Pomme ne semblait pas en peine ni en difficulté face aux efforts répétés – et peu de chevaux ont été dimanche dans ce cas.
Edwina Alexander est arrivée la dernière sur la piste et a déroulé son parcours « pour faire de son mieux » – California et la jument, bondissante et agile a réussi a voler sans faire tomber une barre.
Sauvés, on allait avoir un barrage à trois! Au paddock c’était le moment d’une forte concentration
Bertram est parti le premier dans un tempo de barrage et a terminé son parcours en 39.20 mais avec une barre par terre. « Je devais aller vite, commente Bertram et cette faute c’est vraiment pas de chance. »
La faute de Bertram Allen incite Pénélope à sécuriser son parcours et donc à ajouter une foulée qui la prive de la victoire…. Pénélope termine en 41.44 alors que Edwina, partie la dernière, fait une foulée de moins affiche 41.36. « Je suis tellement heureuse de cette victoire, ne cache pas sa joie la cavalière australienne. J’aime vraiment beaucoup ce concours qui ne ressemble à aucun autre au monde. Et j’adore les sacs Hermes!!! »
UN GRAND PRIX HORS DE PRIX?
« Pénible à sauter et pénible à regarder », a commenté l’épreuve Kevin Staut qui a trouvé que les chevaux généreux sans tous les moyens de monde ont vraiment été pénalisés dans ce parcours tout en force qui ne leur donnait pas le temps de souffler. Et la plupart des chevaux n’ont pas réussi à passer correctement avant-dernier oxer sur bidet mais aussi des rayures horizontales qui pouvaient tromper leur vision et une distance problématique. Chrisitan Ahlmann a résumé ainsi le problème: « Chaque Grand Prix a son lot de difficultés, mais là on les retrouve toutes. »
A ce niveau d’épreuve avec les meilleurs cavaliers du monde l’équilibre n’est pas facile à trouver. Le chef de piste, Frank Rothenberger, se défend: « Je déteste les Grand prix avec les quinze sans-fautes et les cavaliers aussi. J’ai donc fait un parcours à la hauteur des participants. C’est vrai qu’il y a eu beaucoup d’abandons mais si je devais le refaire je ferais exactement pareil en changeant peut-être l’avant-dernier obstacle ou le double de verticaux dans le triple. »
La tâche d’un chef de piste est certainement difficile mais la recherche de la difficulté à tout prix ne devrait pas se faire au détriment des chevaux et du public qui achète les places pour admirer les meilleurs cavaliers au monde et qui assiste à des abandons à la chaîne.
OLIVIER ROBERT ET JULIEN GONIN UNE PARTICIPATION REMARQUEE
Dans ce tour à problème les Français qui débutaient sous la coupole ont fait une très bonne impression. Olivier Robert avec Tempo de Paban s’est arrêté devant le fameux obstacle à fautes et a préféré en rester là mais l’ensemble de parcours a été très fluide, aérien et agréable à voir. Pareil pour Julien Gonin et son puissant Soleil de Cornu, deux fautes et 23ème place mais un parcours très maîtrisé. Les cavaliers et leur chevaux ont affronté les difficultés de sang froid. Bravo à eux!