Axelle Lagoubie porte le beau titre de la Championne de France des cavalières, gagné cette année à Fontainebleau en compagnie de Rubelia, sa petite jument Selle Français de 9 ans. Une joie et une fierté pour la jeune cavalière de 27 ans qui a formé la jument « depuis toute petite » et a évolué avec elle depuis cinq années.
Rubelia, fille du Holsteiner Bourgraaf et de Borelia par Almé nous surprend depuis toujours – on ne pensait pas qu’elle puisse réussir à 5, 6, 7 ans, qu’elle puisse être performante à 1,30m ni, d’autant plus, à 1,40m – et elle nous prouve toujours qu’elle peut le faire. Et c’était comme ça depuis ces premiers championnats de 4 ans. Elle est petite, tranquille, très préoccupée par la nourriture et ne donne pas l’impression d’avoir de gros moyens. Mais sur le parcours, elle saute avec tout son cœur en avançant vite. Cela fait déjà quelques années qu’on se promène sur les pistes de concours sans attirer une attention particulière, mais cette année, au CSI de Saint-Lô, ils la voulaient tous : Simon Delestre, Julien Epaillard, Michel Hécart. Le propriétaire n’a jamais voulu la vendre mais maintenant il pense faire des transferts d’embryons, avoir quelques poulains et voir ensuite. Je sais que Rubelia a actuellement assez de métier et un caractère facile qui lui permettrait de s’entendre sans trop de problème avec un autre cavalier, mais si elle partait, ça me briserait vraiment le cœur.
Axelle est arrivée dans l’écurie de Romain Bourdoncle Tiptop cheval à Ceaux dans la Manche en 2007, à l’âge de 20 ans et elle n’est plus jamais repartie. Travailleuse, passionnée, bonne élève à l’écoute des conseils de Romain, son coach et compagnon aujourd’hui, elle est a autant d’humilité et de désir d’apprendre que d’ambition pour chercher des victoires – un cocktail parfait pour une championne ! (photo Axelle et Rolex de la Lande au travail à la maison)
Je suis de la région de Bordeaux. J’ai toujours été une passionnée de chevaux et je voulais passer ma vie avec eux, je sortais en concours et j’avais de bons résultats en amateur. Ma mère voulait que je suive les études, j’ai donc commencé à étudier la comptabilité, mais j’ai tout arrêté pour venir faire un stage ici, en Normandie. Au début nous étions quatre stagiaires, ensuite les autres sont partis et moi je suis restée. Le travail pour l’écurie de Romain est très formateur – il y a ici avant tout les chevaux destinés à la vente. Ils viennent, on les travaille et on les sort en concours en attendant la vente. On a 45 boxes, j’ai donc monté beaucoup, beaucoup de chevaux, je ne sais pas combien, mais un chiffre important – avant on les vendait assez rapidement, maintenant le commerce tourne au ralenti, ils restent donc à l’écurie plus longtemps. Je monte les chevaux de toutes sortes : des mous, des énergiques, des souples, des raides, des brillants, des difficiles – comme ça, si je dois faire la finale à 4, je saurai m’adapter facilement ! (rires). Je monte 7 à 8 chevaux par jour. On n’a pas de palefrenier, seulement deux cavaliers qui viennent monter 2 après-midis par semaine. Il faut donc être bien organisé, car on sort les chevaux tous les jours – ils vont pas mal au paddock, sur le tapis, on les monte et surtout, on les emmène faire des galopades sur la baie du Mont Saint-Michel, qui se trouve à 1 km des écuries. C’est notre point fort – ça donne le moral aux chevaux et les habitue à avoir de l’eau sous les sabots. Nos chevaux n’ont pas peur de sauter une rivière – ils sautent tous les obstacles sans se poser trop de questions. Je préfère qu’ils aient le moral et envie d’y aller plutôt que se concentrer uniquement sur le sans-faute. C’est vrai qu’il y a des écuries qui ne fonctionnement pas de cette manière et qui sont également compétitives, mais je n’aimerais pas être cheval dans leurs écuries… (Photo: Axelle, remise des Prix CSI 3* à Saint-Lô)
Ecurie de commerce, écurie de compétition – ce n’est pas toujours évident de concilier les deux. Axelle est la cavalière de Rubelia, mais il serait difficile d’avoir des résultats sportif à plus haut niveau sans avoir plusieurs chevaux dans la section « sportive » à long terme. Le jour de ma visite, Axelle s’entrainait avec un nouvel étalon, Rolex de la Lande, qui venait d’être confié au couple par l’élevage de la Lande. (Photo: Axelle et Regain d’Helby au CSI2* à Deauville)
A l’origine, je voulais m’occuper des chevaux, pas forcément faire de la compétition. Mais quand on commence à gagner, on en veut de plus en plus… Le titre de la Championne de France des cavalières m’a fait évidemment très plaisir, mais ça ne change pas ma vie de tous les jours et j’espère que j’en aurai d’autres ! Aujourd’hui, je rêve de haut niveau et j’espère un jour y arriver. A part Rubelia, j’ai maintenant dans les écuries Norway de la Lande, Regain d’Helby et Gorgio Van’t Zorgvliet – ce sont de bons chevaux de concours. Notre méthode, c’est de travailler avec les chevaux en forme mentalement et physiquement. Après, il faut faire de bonnes rencontres au bon moment et avoir un peu de chance… (Photo: Axelle et Regain d’Helby à Deauville)
En quittant les installations de l’écurie Tiptop Cheval – avec le manège, la carrière et 10 hectares de paddocks – je pense à la première fois que j’ai vu Axelle et Rubelia sur la piste de Saint-Lô il y a un an. Le couple m’a tout de suite paru attachant et capable d’apporter de belles émotions sportives. C’est une chose faite avec la médaille de Championne de France des cavalières. Et ce n’est qu’un début…