Antoine COURPIED, président de l’Association des Ecuries et Concours de Normandie (AEC) et l’organisateur du concours Saint-Lô Jump AEC International 2*(28 novembre-1er décembre 2013), dont notre site a été partenaire, est un homme très occupé, qui partage sa vie entre sa profession du cavalier professionnel et sa passion d’organisateur, entre ses activités en Normandie et sa vie en Bretagne, entre ses objectifs équestres personnelles et ses ambitions pour le développement de filière équestre sportive en Normandie. Bref, Antoine est, malgré son jeune âge, un personnage à suivre. Il a accepté de nous parler un peu de lui-même.
«Je suis né en 1977 et j’ai commencé à monter à cheval à 10 ans, quand ma famille est venue s’installer en Normandie. Mon père travaillait dans le bâtiment, rien à voir avec les traditions équestres mais toute la famille aimait le cheval et montait en amateur. A l’époque il n’y avait pas tellement de poney-clubs je me suis donc rapidement mis à cheval. A 13 ans, j’ai commencé ma « carrière » sur les terrains de concours encadré par Thierry Robin, dans un centre équestre près d’Argences du côté de Caen. J’ai décidé de devenir cavalier professionnel inspiré par le titre olympique de Pierre Durand sur Jappeloup à Séoul en 88 et le tire du champion du monde d’Eric Navet avec Quito du Baussy en 1990. C’est dire l’importance de tels exploits pour l’imaginaire des jeunes passionnés du cheval! Mes parents n’ont pas du tout été enchantés par cette décision et ont tout fait pour me dissuader, voir me dégoûter d’un pareil choix de carrière. Ils m’ont fait travailler dans les écuries de la région en tant que palefrenier, groom, cavalier et aide à tout faire, en espérant que la dure réalité de la vie d’un homme de cheval va m’ouvrir les yeux. Mais c’était s il n’y avait rien à faire – cela me plaisait de plus en plus! On commençait à me confier des chevaux et je me suis retrouvé à Notre-Dame-de-Courson chez Barrat avec une quinzaine de jeunes chevaux de 2-4 ans. C’était très formateur.
J’avais alors 18-19 ans et je poursuivais en même temps une scolarité « normale » pour faire plaisir à mes parents – j’ai fait Bac S et je me suis inscrit à la fac de Caen où j’ai eu mon DEUG d’Histoire et où j’ai eu de la chance de profiter de l’enseignement des professeurs extraordinaires. Mes années à l’Université m’ont ouvert l’esprit et j’en garde un très bon souvenir.
J’ai arrêté les études à la mort de ma mère, emportée par un cancer de poumon à l’âge de 49 ans. Ce traumatisme m’a fait réaliser que la vie est courte, qu’il faut poursuivre ses rêves et faire ce qu’on a envie de faire, tout simplement. Je me suis donc consacré entièrement à ma passion équestre. J’avais de la chance et des propriétaires qui me confiaient leurs chevaux. Installé à Notre Dame d’Estrées à l’Elevage de la Lande, je montais beaucoup de chevaux et je les sortais en concours (sur la photo, avec Cyrius de la Lande). En 2005, qui était mon année sportivement la plus faste, j’ai fait 700 parcours avec 27 chevaux différents et j’ai gagné 25 épreuves au niveau Pro 2. Au bout d’un moment j’ai éprouvé quand même une certaine lassitude du fait de me retrouver toujours au même niveau, j’avais envie d’évoluer, d’apprendre. En 2007 je me suis donc retrouvé dans les écuries de Philippe Epaillard, le père de Julien, en tant que prestataire de service. J’y ai appris beaucoup de choses même si, sportivement, ce n’était pas très concluant. Ma vie a pris le tournant suivant en 2012, quand je me suis associé avec Jacques Losey, un ami et le premier propriétaire à m’avoir confié les chevaux et quand je me suis installé en Bretagne pour les raisons personnelles. Nous faisons naître les chevaux ensemble ou les achetons à l’âge de 3 ans. On regarde beaucoup le modèle et la locomotion du cheval, mais pour savoir si un cheval sera vraiment un « guerrier des concours » il faut attendre 5 ans. Nous avons donc un nombre limité des chevaux que l’on travaille et fait évoluer sur plusieurs années. Pour se retrouver commercialement, on essaie de vendre la moitié d’un bon cheval quand il a 6 ans. J’ai actuellement un très bon cheval de 8 ans que l’on a fait naître et qui s’appelle Soleil Levant. Nous avons aussi une très bonne jument de 6 ans. Je suis confiant pour l’avenir et je rêve, évidemment, comme tout cavalier professionnel, de se retrouver au plus haut niveau. Nous essayons de mettre toutes les chances de notre côtés, trouver de bons chevaux, les préparer, les accompagner. Il faut du temps, de la persévérance et, bien sûr, de la chance! Il faut y croire !
L’Association AEC a été crée en 2006 pour défendre les intérêts des cavaliers professionnels. Philippe Epaillard était son premier président, moi j’ai été élu à cette fonction en 2009. A l’image d’un syndicat professionnel, nous organisons des stages, des concours d’entraînement et on essaie d’agir également sur le terrain de la formation. Nous sommes très fiers de la formation pour les cavaliers des jeunes chevaux que nous avons mis en place avec la Maison Familiale Rurale de Balleroy. C’est une formation en alternance qui ne possède pas d’équivalent en France. Elle a été mise en place très rapidement – conçue en mars et ouverte aux premiers élèves en septembre 2009. La première année la formation a attiré 8 élèves, en 2013 ils étaient 20. Et tous les diplômés ont trouvé l’emploi – c’est vraiment une très grande satisfaction pour AEC et moi personnellement!
Notre vitrine c’est, bien entendu, les concours. Depuis 2006 nous sommes les organisateurs d’un CSO national d’une bonne réputation. En 2013, nous nous sommes lancés dans l’organisation d’un premier concours international 2* au Centre de Promotion de l’Elevage à Saint-Lô. Le bilan est très positif – les cavaliers contents et prêts à revenir, bon soutient des sponsors privés et les remarques sur la qualité d’organisation plutôt encourageants. Les responsables politiques ont promis de nous suivre d’une manière plus soutenue l’année prochaine, car cette année on a touché uniquement 3000 euros de subventions sur un budget total de 180 000 euros. Nous avons réussi à boucler le budget soutenu par 20 000 euros provenant de sponsors privés et on se dit qu’avec la bonne volonté des uns et des autres on pourra tenter un CSI 3* l’année prochaine ! Avec les nouvelles installations du CPE, Saint Lô a un atout considérable pour devenir un grand pôle d’activité équestre internationale – et plus on y organise de concours de haut niveau, plus c’est bénéfique pour la ville et la région. Nous avons donc l’ambition de mettre sur place un CSI 3* pour l’année 2014, l’année des JEM. Nous disposons d’une vraie belle équipe, on compte jusqu’à 40 personnes bénévoles mobilisées le temps d’un concours. C’est notre force et notre énergie, je suis persuadé que c’est une énergie du futur ! CYRIUS DE LA LANDE
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Antoine à ses débuts avec Nelson de Miennais
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Et aujourd’hui avec Soleil Levant